Critique film
Publié le 02/10/2025 à 10:51 par Grégory

Lame de Fond

Affiche
7,5 /10
Treize adolescents partent pour huit mois de mer a bord de "l'Albatros" commande par le capitaine Sheldon, un aventurier prudent. Ce voyage va les transformer d'inconnus en amis, de rivaux en alliés, de garçons en hommes...
Avec "Lame de Fond", Ridley Scott nous embarque littéralement en pleine tempête. Ce n’est pas qu’un film de mer ou de survie, c’est un vrai voyage qui mélange drame, introspection et confrontation avec les forces brutes de la nature. Et autant le dire tout de suite : Jeff Bridges y est magistral.

Scott, qu’on connaît pour son sens du cadre millimétré et ses ambiances visuelles marquantes, filme l’océan comme une entité vivante, presque mythologique. Les vagues, le vent, la pluie… rien n’est décoratif ici : tout devient adversaire, oppressant, imprévisible. La caméra nerveuse nous plonge au cœur du chaos, au point qu’on finit presque par sentir le sel et le roulis.

Mais ce qui rend le film vraiment marquant, c’est Jeff Bridges. Il incarne un marin cabossé par la vie, un homme partagé entre force et vulnérabilité. On ressent à la fois son instinct de survie et cette mélancolie profonde qui le hante. Pas de surjeu, pas de grandiloquence : juste une interprétation sincère qui sonne vrai, et qui donne une âme au film.

Alors oui, l’histoire en soi reste assez classique – une traversée périlleuse, des hommes face à l’épreuve – mais Scott ne cherche pas seulement le spectaculaire. Il s’attarde sur les silences, les regards, la peur qui colle à la peau. Plus qu’une aventure maritime, c’est une réflexion sur ce qui reste de nous quand tout s’écroule, quand la nature nous rappelle notre petitesse.

Certains trouveront peut-être quelques longueurs en milieu de parcours, mais difficile de nier la puissance visuelle et sonore de "Lame de Fond". La bande-son, grondante et organique, accentue cette immersion, et l’esthétique sombre signée Scott confère au film une aura hypnotique.

En fin de compte, "Lame de Fond" n’est pas qu’un film de survie en mer : c’est une expérience, une plongée dans nos propres limites. Un voyage intérieur porté par la mise en scène exigeante de Scott et l’intensité de Jeff Bridges. Pas le genre de film qu’on oublie en sortant de la salle, mais plutôt celui qui nous fait réfléchir aux tempêtes – réelles ou intérieures – qu’on est capable d’affronter.
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