Test jeu vidéo
Publié le 29/09/2021 à 12h48 par Pikminouchon
Death Stranding Director's Cut
8 /10
PLATEFORME
ÉDITEUR DU JEU VIDÉO

ACTION

Après une version PS4 fort remarquée, Sony et Kojima Productions profitent d'un line-up amorphe sur PS5 pour adapter leur jeu sur New-Gen. Sans doute conscientes du caractère singulier de Death Stranding, les équipes de développement n'ont pas hésité à affiner leur recette, histoire d'attirer le chaland avec quelques nouveautés sensées améliorer l'expérience utilisateur, pour reprendre l'expression consacrée. Voilà donc une opportuniste version "Director's Cut", comme on dit dans le ciné... Et ça tombe plutôt bien quand on connaît l'obsession cinéphilique du sieur Kojima !

Pour les nouveaux venus, sachez que vous allez être immergés dans un univers volontairement cryptique : c'est bien simple, on ne comprend pas tout dans Death Stranding ! Hideo Kojima aime brouiller les pistes ou se taire, il prend même un malin plaisir à rendre des choses simples compliquées dans le seul but de justifier un gameplay ou un concept. Vous incarnez Sam Porter Bridges, un livreur d'un nouveau genre : votre mission consiste à relier l'Est des (anciens) Etat-Unis à l'Ouest. Le monde étant dévasté par un cataclysme (le Death Stranding), les rares humains survivants sont coupés de tout et, philosophiquement parlant, d'eux même. Sam va symboliquement réunir les gens et son peuple...
On est d'accord, c'est un bien un jeu de quête Fed-Ex porté à son paroxysme conceptuel... Mais la perspective d'incarner un simple livreur n'étant pas forcément des plus excitantes, Kojima a introduit un twist, ou plutôt de terrifiants antagonistes errant sur ces terres dévastées : les échoués... Sam aura régulièrement affaire à eux, dans des moments de gameplay particulièrement frustrant au début, quand notre héros est désarmé et vulnérable. Si sa condition s'améliorera (un peu) par la suite avec la venue de nouveaux antagonistes (les MULEs), sachez que Sam n'a pas la gâchette facile, tout l'inverse de son grand frère numérique Solid Snake.

Présenté comme la version ultime et définitive du jeu de 2019, "Death Stranding" sur PS5 reprend donc la totalité du jeu d'origine mais tente de rendre la vie des joueurs un peu plus facile. On se souvient que la première mouture avait attiré les critiques en raison de son rythme lent, voire contemplatif : se rendre d'un point à l'autre de la map était bien souvent éprouvant, prenait du temps, sans compter l'aléa du trajet si vous aviez la mauvaise idée d'emprunter un chemin de traverse...
Désormais, les développeurs de Kojima Productions ont intégré des tas de petits gimmicks rendant les livraisons bien plus rapides qu'avant : les propulseurs seront vite vos nouveaux amis, permettant de franchir les crevasses en un seul bon, sans passer par la case construction de pont (et le loot de matériaux...). De même, vous pourrez rapidement construire de véritables canons, permettant de catapulter votre packettage sans avoir à constamment appuyer sur L2-R2 pour garder l'équilibre.
Enfin, ultime raffinement post-apocalyptique, Sam aura la possibilité de se reposer sur le Buddy-Bot, petit robot bipède fortement inspiré des travaux de Boston Dynamics : en montant dessus, il fera le travail à votre place, en toute sécurité et vous conduira, vous et votre marchandise, à bon port !

En somme, tout est fait dans cette version Director's Cut pour gommer l'aspect ennuyeux et rébarbatif des voyages du jeu d'origine : attirer un nouveau public, plus casual, semble être à ce prix. Si rien n'oblige le joueur à recourir à tous ces artifices, il faut reconnaître que l'on cédera bien vite aux sirènes de la facilité, en particulier pour les missions secondaires ou pour éviter de s'acharner sur les terrains trop accidentés (et ils sont nombreux!).

Néanmoins, il ne faut pas oublier que Death Stranding est avant tout un jeu d'ambiance, où la mélancolie domine (ah...les vagues musicales...). Sam est seul sur ce territoire hostile, le décor écrasant de sauvagerie (la première partie de l'aventure ressemble à s'y méprendre aux paysages volcaniques d'Islande, comme dans le film "Prometheus" de Ridley Scott...). En fait, le côté laborieux et pénible des divers aller-retours faisait clairement partie du concept du jeu de base, on s'en rend bien compte avec cette version mise à jour...

Si le jeu de base reste globalement inchangé, cette version Director's cut introduit la possibilité de s'entrainer avec les armes du jeu sur des terrains dédiés : classiquement, il s'agira ici de survivre à des vagues d'ennemis afin de récolter le meilleur score.
Il sera également possible dans un autre mode d'affronter les (rares) boss rencontrés dans l'aventure principale, si vous souhaitez vraiment vous taper à nouveau des combats peu réussis dans leur ensemble (le lancer de grenades sur le premier boss, pffff).
Enfin, un nouveau volet fait son apparition avec un clin d'oeil particulièrement appuyé à Metal Gear, le fonds de commerce bien connu de Kojima : dans une base isolée, rappelant fortement Shadow Moses, Sam sera au cœur d'un scénario parallèle mais surtout le héros de scènes d'action et de tir bien musclées. Enfin un peu d'action dans Death Stranding, dirons les plus aigris... Certes, mais il faut reconnaître qu'à vouloir faire plaisir à certains joueurs, les développeurs se sont éloignés de l'idée de base faisant le sel du jeu...

Techniquement, cette version PS5 s'est faite sans heurt : le moteur maison, le Decima Engine, affiche toujours des environnements magnifiques (à part quelques zones souffrant d'un léger clipping...), à l'inverse de personnages pas toujours très réussis. Si les acteurs connus sont bien modélisés (Sam "Darryl" Porter en ligne de mire...), les PNJ sont largement moins convaincants et leur animation pour le moins rigide. Les temps de chargement sur PS5 sont bien entendu hyper rapides et les menus du jeu toujours aussi pourris et peu pratiques : en fait, tout a été fait pour optimiser les points forts mais les "défauts" du jeu de base sont intacts. Ceux qui n'ont pas aimé le jeu de 2019 resteront sur leur position en 2021. Il reste pourtant un aspect inattaquable de cette production : la direction artistique et les concepts mécaniques de Yoji Shinkawa, l'inséparable créatif de Hideo Kojima : sa vision d'un futur dévasté laisse une place à une technologie bienveillante facilitant la vie des gens et les affranchissant de contraintes asservissantes. Ainsi, le concept de symétrie chirale, bien pratique pour synthétiser des objets à distance ou pour rapprocher les êtres, permet de justifier le gameplay du jeu et d'asseoir dans le même temps son lore si particulier.

La question reste enfin de savoir : faut-il racheter ce jeu si on l'a déjà fait ? La réponse est clairement non ! Certes, les ajouts sont sympas et amusants (le robot marcheur en tête !) mais le titre demeure extrêmement chronophage et répétitif sur le long terme, il ne mérite sans doute pas qu'on y revienne. Pire, les maladresses sautent davantage aux yeux que lors du premier run, notamment les lourdeurs dans l'écriture et les menus si peu ergonomiques (alors qu'on y passe beaucoup de temps !). Dernier détail : basculer sa sauvegarde PS4 sur PS5 se fait dans la douleur et a été très mal pensé ! En somme, vous pouvez enlever 2 points à la note de ce test...
A l'inverse, les nouveaux venus risquent d'être envoutés par un jeu désormais très complet et à l'ambiance éthérée vraiment unique. Blindé de bonnes idées (les like, l'aspect communautaire avec les constructions, le staking de paquets à optimiser constamment, le BB à dorloter, etc...), la nouvelle licence de Kojima et son aspect cinématographique fera mouche dans le cœur de nombreux joueurs. A condition aussi de supporter le très mutique et renfrogné Norman Reedus dans le rôle de Sam Porter...
+
LES POINTS FORTS
LES POINTS FAIBLES
-
+ TOUJOURS AUSSI BEAU !

+ UN UNIVERS UNIQUE ET MAGNIFIQUE

+ LES AJOUTS FACILITANT LES LIVRAISONS ET LES VOYAGES

+ DES MODES RENDANT LE JEU DÉSORMAIS BIEN COMPLET

+ L'ASPECT CINÉMATOGRAPHIQUE AVEC DE VRAIS ACTEURS CONNUS
- L'HISTOIRE EN KIT, LIVRÉE À COUPS DE FLASH-BACKS ET DE LAIUS ASSOMMANTS

- LES MENUS TOUJOURS AUSSI INFERNAUX À UTILISER

- NORMAN REEDUS QUI FAIT... DU NORMAN REEDUS !

- LES DRONES LIVREURS QUI METTRAIENT INSTANTANÉMENT SAM AU CHÔMAGE...
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