Critique série
Publié le 30/07/2018 à 16h45 par Floriane
Orange is The New Black - Saison 6
8,5 /10

Entre les murs de la prison pour femmes de Litchfield, la vie n’est pas rose tous les jours. Rattrapées par le passé, des détenues venues d’horizons divers cohabitent dans cette société en vase clos. Si coups bas et tensions sont monnaie courante, l’amour, la solidarité mais surtout l’humour subsistent dans le quotidien des inoubliables prisonnières.

(Attention cet article contient des spoilers)

Programme phare de la plateforme Netflix, "Orange is The New Black" revient (enfin) avec une saison 6 placée sous le signe du renouveau. Petit rappel, la saison précédente se terminait sur le RAID mettant fin à l'émeute des prisonnières provoquée par la mort injuste de Poussey (Samira Wiley).

Cette nouvelle saison mise en ligne ce week-end reprend 10 jours après ce final tendu qui laissait les personnages dans une position incertaine. Séparés dans différentes prisons (au revoir Big Boo), on en retrouve une partie à Litchfield Max. Adieu ambiance colonie de vacances de la prison à sécurité minimum, bonjour celle anxiogène du max ! Ce changement de lieu apporte un nouveau souffle à la série, notamment en ce qui concerne la dynamique entre ses personnages. Les clans et alliances d'autrefois volent en éclats. Les prisonnières doivent faire face aux conséquences de l'émeute en acceptant ou non des deals avec les autorités. Certaines loyautés sont mises à l'épreuve et des trahisons inattendues changent la donne. Mais ce bouleversement a le mérite de briser les clans formés à Litchfield. Les gangs des latinas, noires, blanches ne sont plus. Seul reste le lien d'avoir vécu cette épreuve ensemble. Des amitiés nouvelles naissent (Cindy/Flaca), certaines se solidifient (Nicky/Lorna) alors que d'autres se brisent (Red/Frieda).

Ce changement de prison donne aussi à Jenji Kohan et ses scénaristes l'opportunité d'amener un peu de sang neuf. Hormis le personnage raté de Badison (Amanda Fuller), gamine insupportable et sans profondeur, les nouvelles têtes sont l'une des réussites de cette saison. En particulier les deux s½urs meurtrières Carol (Henny Russell) et Barbara (Mackenzie Phillips), dont le conflit va bien compliquer la vie des pensionnaires, mais aussi la touchante Daddy (Vicci Martinez) qui va prendre Daya (Dascha Polanco) sous son aile.

Mais que les fans se rassurent, la série garde son identité. On retrouve les changements de ton qui donnent à "Orange is The New Black" sa patte si particulière. On passe du romantisme pur (le couple Alex/Piper, Vauseman pour les intimes) à du dramatique (la relation Nicky/Red, l'arc narratif de Taystee) en passant pas du loufoque (les visions de Suzanne) et du violent (agressions, viols, etc). On retrouve aussi ses punchlines toujours aussi bien trouvées avec des références à la pop culture, la politique ou l'actualité.

Mais surtout la showrunneuse Jenji Kohan et son équipe continuent de nous offrir une galerie de personnages attachants et complexes en mettant en avant des portraits de femmes de cultures, nationalités, physiques et sexualités différentes. Car la force d'"Orange is The New Black" se trouve dans ces protagonistes féminins. Que ça soit la joyeuse et engagée Taystee (Danielle Brooks), l'ex-junkie fragile Nicky (Natasha Lyonne), l'irritante mais attachante Piper (Taylor Shilling), la manipulatrice mais touchante Alex Vause (Laura Prepon), la romantique Daya, etc. Ces femmes sont le c½ur de la série. Et c'est toujours avec le même plaisir que nous les retrouvons chaque saison pour les voir évoluer à l'intérieur du microcosme carcéral.

L'autre but d'"Orange is The New Black" (et du livre dont le show est adapté) est de dénoncer les failles du système pénitencier. Dès le premier épisode, les scénaristes ont pointé du doigts les problèmes sanitaires (produits hygiéniques), médicales (soins gynécologiques, traitement des femmes transgenres) et sexuels (chantages, agressions) auxquels les détenues sont confrontées. Mais depuis la saison 4 et la mort de Poussey, la série parle frontalement des abus de ce système qui voit ces femmes comme des animaux, voire des produits.

La saison 6 nous montre la violence physique et morales des gardes sur les prisonnières. Et comme le dit si bien Taystee, on peut se demander qui sont vraiment les animaux dans cette situation... Mais Kohan va encore plus loin en montrant les manipulations des autorités pour camoufler ses erreurs au détriment de ces femmes qui n'ont pas les moyens de se défendre, mais aussi en liant sa série avec la politique ant-immigration de Trump dans un final glaçant qui laisse présager une saison 7 encore plus engagée.

Alors oui, la série a perdu de sa fraîcheur. Oui, cette saison contient des facilités (le faux suspens entourant la mort de la très populaire Alex Vause), mais "Orange is The New Black" reste une série exemplaire par son écriture à la fois décomplexée et nuancée, et importante dans sa volonté de montrer des portraits de femmes diversifiés et réalistes.

Prochain rendez-vous avec les prisonnières de Litchfield, l'été prochain pour la septième et possible dernière saison du show.

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