Critique série
Publié le 09/07/2025 à 17:10 par Grégory

Young Sheldon - L'Intégrale

Affiche
8 /10
Dans ce prequel de The Big Bang Theory centré sur la jeunesse de Sheldon Cooper, le jeune prodige, doué d'une intelligence sans pareil pour les sciences et les mathématiques, apprend à ses dépens que ces qualités ne sont pas d'une grande aide dans l'est du Texas, où l'Eglise et le football sont rois. Très vite, sa différence impacte les membres de sa famille. Et lorsqu'il intègre, à l'âge de 9 ans, le lycée, le jeune garçon, vulnérable et naïf, va devoir faire face au monde qui l'entoure.
Avec "Young Sheldon", spin-off de l’incontournable "The Big Bang Theory", les créateurs Chuck Lorre et Steven Molaro nous invitent à plonger dans l’enfance de Sheldon Cooper, personnage emblématique au quotient intellectuel faramineux et aux émotions souvent déconnectées du monde qui l’entoure. En sept saisons, la série retrace les jeunes années d’un garçon pas comme les autres dans l’Amérique conservatrice de la fin des années 80 et du début des années 90. Mais "Young Sheldon" est bien plus qu’un simple préquel : c’est une œuvre à part entière, touchante, subtilement critique et étonnamment humaine.

Dès les premiers épisodes, "Young Sheldon" pose les bases de son récit : à neuf ans, Sheldon Cooper (brillamment incarné par Iain Armitage) entre au lycée, où son génie scientifique dérange autant qu’il fascine. Si le spectateur averti reconnaît les traits du Sheldon adulte, la série ne se contente pas de recycler ses bizarreries : elle en cherche l’origine. Les scénaristes s’efforcent de montrer que ce n’est pas le génie qui fait l’homme, mais l’environnement dans lequel il évolue.

Le contraste entre l’intellect surdéveloppé de Sheldon et la simplicité de son entourage (notamment son père George, coach de football, et sa mère très croyante, Mary) donne lieu à des situations comiques, mais jamais moqueuses. La série trouve un équilibre rare entre humour et émotion, notamment dans la manière dont elle dépeint la famille Cooper : imparfaite, souvent dépassée mais profondément aimante.

Là où "The Big Bang Theory" misait sur le rythme effréné des punchlines et les rires en boîte, Young Sheldon adopte une narration plus douce, presque introspective, ponctuée par la voix off de Jim Parsons (le Sheldon original) qui apporte une touche de nostalgie à l’ensemble. Le format single-camera sans public accentue cette atmosphère plus dramatique, parfois mélancolique, sans jamais verser dans le pathos.

La série surprend également par sa capacité à aborder des thèmes sérieux : la religion, la mort, la solitude, les difficultés économiques, les rôles genrés… En cela, elle s’inscrit dans une tradition de sitcoms familiales américaines plus subtiles qu’elles n’en ont l’air, comme "Malcolm" ou "Les Années Coup de Cœur".

Si Sheldon est évidemment le centre du récit, la série n’en oublie pas les autres membres de la famille, qui gagnent en profondeur au fil des saisons. Missy, sa sœur jumelle, est une révélation, souvent plus lucide que son frère. George Sr., longtemps décrit dans "The Big Bang Theory" comme un père absent, est ici réhabilité en figure tragique, aimante mais dépassée, grâce à l’interprétation nuancée de Lance Barber. Quant à Meemaw (Annie Potts), elle apporte une touche d’irrévérence bienvenue, avec un jeu oscillant entre sagesse et provocation.

Chaque personnage a droit à ses arcs narratifs, ses dilemmes, ses moments de lumière, ce qui permet à la série de ne jamais sombrer dans le monolithe centré uniquement sur le héros-titre.

La dernière saison, sans trop en révéler, boucle l’histoire avec une délicatesse rare dans le monde des sitcoms. Elle prépare doucement la transition vers le Sheldon adulte sans chercher à coller artificiellement à la série-mère. L’émotion est au rendez-vous, notamment dans les derniers épisodes qui marquent une forme de passage à l’âge adulte, autant pour le jeune prodige que pour ses proches.

En conclusion, "Young Sheldon" réussit là où peu de spin-offs parviennent à convaincre : elle s’émancipe de son modèle tout en l’enrichissant. Avec une écriture soignée, un ton maîtrisé et des personnages attachants, la série offre un regard tendre et sincère sur la différence, l’enfance et la famille. C’est un portrait d’époque autant qu’un conte universel, une série où le rire naît autant de l’intelligence que de l’humanité.
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