Critique film
Publié le 17/05/2018 à 14h31 par Floriane
The Florida Project
9 /10

Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère. En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…

Après son portrait de Los Angeles filmé avec un Iphone ("Tangerine"), Sean Baker est de retour avec "The Florida Project". Présenté à la Quinzaine des réalisateurs de l'édition 2017 du Festival de Cannes, le nouveau conte du réalisateur se concentre sur l'Amérique des laissés-pour-compte.

En choisissant de poser son regard sur les habitants de ces motels longeant cette fameuse autoroute menant à Disney World, Sean Baker pointe l'hypocrisie de son pays. Près de la maison de Mickey Mouse se développe une nouvelle misère sociale dans l'indifférence générale. Des familles entières obligées de vivre dans ces motels miteux par manque de perspective d'avenir.

Sean Baker plante son récit dans cette triste réalité sociale tout en gardant son style énergique et foisonnant. Le cinéaste plonge son film dans des couleurs pastel et une lumière solaire afin de mieux créer un décalage entre son discours social et cette esthétique de bisounours. L'utilisation de couleurs acidulées afin de mieux appuyer le désenchantement n'est pas sans rappeler Jacques Demy et ses "Parapluies de Cherbourg". Mais là où le cinéaste nantais s'appuyait sur une mise en scène cadrée, Sean Baker préfère l'énergie brute sans concession.

Pour capter cette énergie, Sean Baker filme à hauteur d'enfants à travers les yeux de la jeune Moonee interprétée par la formidable Brooklynn Prince. Petite canaille au visage d'ange, la jeune fille se balade dans ce décor improbable où se mélange chambres miteuses aux murs roses et châteaux enchantés, vestige d'un autre temps. En empruntant le point de vue de Moonee, Baker choisit le prisme de l'innocence de l'enfance pour conter son histoire. Mais la dure réalité finit par rattraper la jeune fille par le biais de sa mère. Véritable c½ur du film la relation mère / fille brille par sa sincérité, mais aussi sa complexité. Incarnée par Bria Vinaite, le personnage de cette mère imparfaite fait preuve d'une grande force, même quand le système se retourne contre elle. Heureusement Baker semble garder (un peu) foi en l'humanité avec le personnage du propriétaire du motel, Bobby (Willem Dafoe). Homme bienveillant, il est la boussole morale de ce monde où l'entraide semble être devenue une notion inconnue.

Avec "The Florida Project", Sean Baker signe un film vivant et attachant sur ces laissés-pour-compte que personne ne veut voir. Un film qui sous son emballage rose bonbon nous touche droit au c½ur.

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