Critique film
Publié le 10/04/2018 à 13h16 par Floriane
My Wonder Women
8 /10

Professeur de psychologie à Harvard dans les années 30, William Marston mène avec sa femme les recherches sur le détecteur de mensonges. Une étudiante devient leur assistante, et le couple s’éprend de la jeune femme. Un amour passionnel va les lier, et ces deux femmes deviennent pour Marston la source d’inspiration pour la création du personnage de Wonder Woman.

Après le succès de sa première aventure cinématographique, et avant sa suite annoncée pour novembre 2019, Wonder Woman est (presque) de retour sur grand écran avec "My Wonder Women". Réalisé par Angela Robinson (scénariste et productrice de "True Blood"), le film nous fait pénétrer dans les coulisses de la création de la Princesse Amazone, en plus de nous offrir un portrait de son créateur, le professeur William Marston.

"My Wonder Women" débute alors que Marston (impeccable Luke Evans) est interrogé par la Child Study Association of America (ligue pour lutter contre la "perversion" des enfants par l'art et les médias) sur les sous-entendus sexuels de Wonder Woman. Il se remémore alors ses inspirations pour créer son héroïne : sa femme Elizabeth Marston et leur amante Olive Byrne.

Construit sous la forme de flash-backs, le film entreprend de montrer les théories de ce psychologue croyant à la dominance des femmes. Génie féministe pour certains, pervers misogyne pour d'autres, le scénario évite de pencher d'un côté ou de l'autre. En montrant les qualités et les limites de ses idées, le film appuie sur la complexité, parfois problématique, de l'homme sans le ranger dans une case.

La richesse de "My Wonder Women" vient aussi de l'écriture de ses personnages féminins. Intelligente, dominante, mais fragile, Elizabeth Marston fût l'une des premières inspirations du Professeur pour Diana Prince. La trop rare Rebecca Hall ("Vicky Cristina Barcelona") est exceptionnelle dans le rôle de cette femme tiraillée entre assouvir ses désirs non-conventionnels ou rester dans le rang dicté par la société conformiste. A ses côtés, Bella Heathcote incarne Olive Byrne, l'assistante du couple qui deviendra l'amour de leur vie. Mélange d'ingénue cachant une volonté de fer, le rôle d'Olive a sur le papier tout du personnage facilement irritable. Mais l'interprétation de Bella Heathcote et l'écriture délicate d'Angela Robinson lui donne une dimension envoûtante et touchante.

La délicatesse de l'écriture se retrouve dans le soin apporté à l'amour partagé par le trio. Ici, le ménage à trois n'est pas une vision qui relève du fantasme sexuel, mais celle d'un amour beau et vrai. Le scénario navigue entre le sentiment de ses personnages avec fluidité et bienveillance.

L'autre intérêt du film se trouve dans les secrets de la création de Wonder Woman. Comment un Professeur de psychologie d'Harvard, et accessoirement inventeur du détecteur de mensonges, peut être derrière l'invention de la plus célèbre super héroïne de comics ? Comment lui est venu l'idée de cette Princesse Amazone à la tenue improbable ? "My Wonder Women" s'amuse à distiller des réponses tout au long du récit, comme l'origine de son costume, de son appartenance à la mythologie grecque, de son tempérament à la fois fort, indépendant et aimant, et bien-sûr les nombreux sous-entendus sexuels (le bondage, l'homosexualité, etc.) et féministes (une île paradisiaque sans hommes…) dont Marston ne s'est jamais caché. Car pour lui Wonder Woman était bien plus qu'une héroïne de comics, mais un symbole pour faire passer ses idées et déclarer son amour inconditionnel pour les femmes.

On pourrait reprocher à Angela Robinson d'avoir romancé certains aspects de la vie du Professeur Marston, ainsi que sa mise en scène classique, mais qui contient tout de même quelques bonne idées (le découpage en ellipse de la scène de sexe), mais le sujet et son traitement sont tellement intéressants qu'ils nous font vite oublier ces petits défauts.

Avec "My Wonder Women", Angela Robinson signe un film passionnant sur la création de l'icône Wonder Woman, mais aussi un film ouvertement féministe et où le polyamour y est célébré sans jugement. Bravo !

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