Accostant Snape Island, un îlot au large de l'Écosse, deux pêcheurs découvrent les corps de trois jeunes gens sauvagement assassinés. Penny, l'unique survivante, dans un état second, tue l'un des pêcheurs. Admise dans un hôpital, elle va raconter ce qu'elle a vu. Peu après, des archéologues débarquent sur l'îlot à la recherche de la tombe d'un roi phénicien...

"La Tour du Diable", réalisé par Jim O’Connolly en 1972, est un savant mélange d’angoisse gothique et d’exploitation brutale qui ne laisse pas indifférent. Sur cette île balayée par les vents et dominée par un phare en ruine, le cinéaste installe d’emblée un climat d’isolement où chaque cri résonne comme une promesse de mort. Le récit, construit comme un puzzle (interrogatoires, témoignages fragmentés et flash‑backs se relaient), force le spectateur à recomposer lui‑même l’enchaînement des drames, générant une tension à la fois cérébrale et viscérale.

Visuellement, la lumière blafarde qui inonde les couloirs du phare et la mer déchaînée en arrière‑plan contribuent à un effet expressionniste, tandis que la bande‑son oppressante, faite de silences lourds et de notes discordantes, accompagne chaque découverte macabre. Les scènes de violence sont crues, presque chirurgicales, contrastant avec des moments plus suggestifs où l’horreur se devine davantage que ne s’affiche, et l’érotisme discret s’insère sans fausse pudeur dans cette mécanique de l’effroi.

Bryant Haliday et Jill Haworth délivrent une présence solide, instillant une crédibilité bienvenue dans un scénario parfois tiré par les ficelles du genre, tandis que les seconds rôles, moins convaincants, renforcent le charme suranné de l’ensemble.

Si le rythme peut paraître inégal (l’exploration de l’île se prolonge parfois aux dépens de l’enquête), "La Tour du Diable" reste un jalon majeur du cinéma d’exploitation britannique, fascinant par son audace formelle et son atmosphère étouffante.

En somme, "La Tour du Diable" est un film culte qui, malgré ses imperfections, possède cette énergie brute et mystérieuse qui fait tout le sel de l’horreur vintage.