Critique film
Publié le 09/03/2018 à 11h30 par Kévin Aubin
Les Gardiennes
8,5 /10

1915. A la ferme du Paridier, les femmes ont pris la relève des hommes partis au front. Travaillant sans relâche, leur vie est rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Hortense, la doyenne, engage une jeune fille de l'assistance publique pour les seconder. Francine croit avoir enfin trouvé une famille...

Xavier Beauvois s'engage dans le cinéma suite à la rencontre de Jean Douchet, critique et historien du cinéma respecté, lors d'une conférence. Il débute comme assistant réalisateur avant de franchir le pas du long-métrage avec Nord en 1992. Il est également acteur à l'occasion et joue dans de nombreux films, souvent dans des petits rôles. Continuant à réaliser des films, en 2010, la consécration arrive avec un tournant décisif dans sa carrière. Le film Des Hommes et des dieux est un succès monumental tant critique que commercial et rafle de nombreux prix prestigieux. Après ce triomphe, il adapte un fait divers survenu dans les années 70 avec La Rançon de la Gloire.

En 2017, il revient avec Les Gardiennes, adaptation du roman du même nom écrit par Ernest Pérochon et publié en 1924. Ce qu'on aime dans le cinéma de Xavier Beauvois c'est sa simplicité et son réalisme. Le réalisateur arrive à rendre compte d'une histoire même fictive de façon réelle et vraie. Son nouveau film ne déroge pas à la règle, avec un drame juste montrant un portrait de femmes saisissant. A sa façon, il nous montre la première guerre mondiale sous un angle différent, celui des femmes aux champs qui ont tout autant participé à cette guerre. Des femmes avec leurs durs labeurs où le temps est d'importance. Sur près de 4 ans, et au fil des saisons, le spectateur contemple la vie de ces femmes confrontées aux différents aléas. Ainsi, on s'attache à ces femmes, on s'émeut devant leur courage et leur abnégation dans le travail, et parfois on souffle un peu en savourant les moments de tranquillité. Xavier Beauvois sonde l'intime de ces gardiennes oubliées de la première guerre mondiale comme pour leur rendre hommage. Certes le rythme du film est lent voire contemplatif mais demeure essentiel pour saisir chaque instant. Des instants saisis tels des tableaux que l'on prend le temps d'admirer. Donc pas vraiment d'histoire au sens propre du terme mais plutôt des morceaux de vie. C'est beau à regarder.

Comme dit précédemment, Xavier Beauvois à cette facilité à filmer des histoires simples criantes de vérité. La mise en scène est soignée, juste et très réaliste sur le sujet traité, les décors ruraux sont parfaitement adaptés à ce film d'époque, la photographie aux lumières naturelles renforce cette sensation de réalisme et la bande-son signée Michel Legrand offre de très belles mélodies. Une réalisation soignée qui fait honneur au film.

Nathalie Baye et sa fille Laura Smet sont réunies pour la première fois au cinéma. Elles trouvent dans ce film deux très beaux rôles. Nathalie Baye campe le rôle de Madame Hortense Sandrail, une femme forte dévouée à sa ferme ainsi qu'à son entourage. Laura Smet campe le rôle de Solange, une jeune femme déterminée aves quelques fragilités. Si Nathalie Baye et Laura Smet sont les têtes d'affiche des Gardiennes, c'est Iris Bry qui s'impose comme le personnage principal. Parfaite inconnue, elle a décroché le rôle de Francine par hasard. Véritable révélation du film, elle crève littéralement l'écran.

Pour sa nouvelle réalisation, Xavier Beauvois signe un beau film, simple au propos sonnant toujours très juste. Un cinéma, français, qui traite de l'essentiel dans son plus simple appareil. A voir.

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