Critique film
Publié le 28/11/2018 à 16h01 par Kévin Aubin
Le Poulain
5 /10

Arnaud Jaurès, 25 ans, novice en politique, intègre par un concours de circonstances l’équipe de campagne d’un candidat à l’élection présidentielle. Il devient l’assistant de Agnès Karadzic, directrice de la communication, une femme de pouvoir et d’expérience qui l’attire et le fascine. Sans l’épargner, elle l’initie aux tactiques de campagne, et à ses côtés il observe les coups de théâtre et les rivalités au sein de l’équipe, abandonnant peu à peu sa naïveté pour gravir les échelons, jusqu’à un poste très stratégique.

Mathieu Sapin débute dans la littérature jeunesse en illustrant quelques mensuels Je bouquine et travaille également au musée de la BD à Angoulême. Il dessine également pour la jeunesse en travaillant pour Bayard, Nathan et Bréal mais aussi pour le public adulte pour le magazine Psikopat. Il se fait connaître grâce à sa deuxième bande dessinée, le premier tome de Supermurgeman, série parodique des superhéros. Il poursuit sa carrière en signant d’autres BD, en les scénarisant et les illustrant dans la plupart des cas. Il est fait Chevalier des arts et des lettres en 2016.

En 2018, il sort son premier long-métrage, Le Poulain, dans lequel l’auteur s’inspire de son expérience dans les coulisses de la politique et des médias français. Sur le papier, ce film avait tout pour plaire puisque le réalisateur adapte sa propre bande-dessinée dont la trame était déjà de qualité. Mais la transposition n’est malheureusement pas à la hauteur du matériau d’origine. Si le film commence sur les chapeaux de roue en nous offrant une immersion dans le milieu politique dont on a envie de connaître la suite, ce qui suit est loin de remporter l’adhésion de tous. L’histoire qui entraîne le spectateur dans les coulisses de la politique notamment lors d’une campagne présidentielle et qui s’intéresse à la relation d’un jeune homme devenu bien malgré lui l’assistant d’une directrice de la communication intraitable est mal amenée voire est inintéressante. Le spectateur assiste à des situations qui se ressemblent avec des dialogues pas toujours convaincants et un humour qui laisse à désirer. Pourtant le film se veut bien troussé et rythmé mais plus on avance plus l’ensemble du film manque d’entrain et on s’ennuie ferme. Il ne passe pas grand-chose ou du moins les séquences s’enchaînent sans que l’on y trouve un réel intérêt. Les rebondissements se font attendre pour un résultat bancal où les affres de la politique, certes véridiques, n’étonnent pas. Le spectateur est tellement habitué à ce que la politique soit le sujet de tous les jours que ce qui est montré dans le film est déjà-vu et n’apporte rien. C’est dommage qu’avec une telle galerie de personnages et un sujet propice à l’irrévérence, on arrive à un film fade et sans surprise.

Mathieu Sapin passe pour la première fois derrière la caméra et il ne fait pas d’étincelles. La mise en scène est classique même si on sent une volonté du réalisateur d’insuffler sa patte artistique, les décors sont de bonne facture, la photographie est terne et la bande-son est plaisante à écouter. Une réalisation novice à l’image du film à savoir sans prise de risques.

Alexandra Lamy revient dans un rôle qui lui sied bien avec un humour caustique bienvenu. Elle campe une directrice de communication intraitable bourrue de travail qui aime jouer avec son entourage et une nouvelle fois elle porte ce personnage avec entrain. Finnegan Oldfield, jeune espoir du cinéma français, vient compléter le duo qu’il forme avec Lamy. Trouvant un premier grand rôle grand public, il s’investit comme il se doit et convainc par un jeu d’acteur naturel. Les deux acteurs s’en sortent bien même si parfois leur personnage manque de profondeur dans l’écriture. Les nombreux seconds rôles sont plus ou moins intéressants et certains arrivent à tirer leur épingle du jeu quand d’autres sont là pour combler certaines scènes.

Pour sa première réalisation, Mathieu Sapin signe une comédie au potentiel mal exploité sans surprise. Un film qui tourne en rond sans raconter grand-chose et qui arrive tout juste à faire esquisser quelques sourires. Un bon duo d’acteurs porte cependant le métrage. Aussitôt vu aussitôt oublié.

  VOUS AIMEREZ AUSSI :
  RECOMMANDATIONS :
  COMMENTAIRES :
Prénom :
Mail :
Votre mail ne sera pas publié  
Code de vérification
:
0 commentaire