Critique film
Publié le 09/03/2018 à 11h30 par Kévin Aubin
Le Bonhomme de Neige
7 /10

Lorsque le détective d’une section d’élite enquête sur la disparition d’une victime lors des premières neiges de l’hiver, il craint qu’un serial killer recherché n’ait encore frappé. Avec l’aide d’une brillante recrue, il va tenter d’établir un lien entre des dizaines de cas non élucidés et la brutalité de ce dernier crime afin de mettre un terme à ce fléau, avant la tombée des prochaines neiges.

Tomas Alferdson est issu d'une famille de cinéastes et débute comme assistant dans une célèbre société de production et de distribution suédoise. Il intègre par la suite une chaîne privée scandinave, TV4, puis la chaîne publique SVT. En 1994, il crée sa propre série dramatique, intitulée Bert, avant de l'adapter au cinéma l'année suivante. Par la suite, il est tantôt derrière la caméra pour quelques téléfilms, tantôt sur les planches. L'année 2008 marque un tournant décisif dans sa carrière. Avec Morse, film suédois au budget très modeste, il rencontre un véritable succès international. Remarqué par les plus grandes maisons hollywoodiennes, il se voit proposé une multitude de projets aux budgets confortables. Gardant les pieds sur terre, et après quatre ans d'absence et de réflexion, il revient à la réalisation avec La Taupe. Ce thriller d'espionnage au casting international est acclamé par la critique et le public.

En 2017, il signe son nouveau long-métrage, Le Bonhomme de neige, adapté d'un roman du même nom de Jo Nesbø. Attendu et au vu du réalisateur derrière la caméra mais dézingué par les critiques, qu'en est-il de ce polar mettant pour la première fois en scène Harry Hole au cinéma ? Malgré les problèmes de réalisation rencontrées durant le tournage, le film est loin d'être la catastrophe annoncée. Dès les premières minutes, le film nous immerge dans le froid glacial et la neige environnante d'Oslo en Norvège. Il est vrai que les réalisateurs norvégiens ont cette capacité à immiscer le spectateur dans un environnement mystérieux à l'atmosphère glauque et pesante. Dans le film, cet environnement est bien retranscrit mais reste trop en surface pour créer une ambiance générale certes oppressante mais aux allures de déjà-vu. Pourtant, l'histoire captive tout de son long avec un rythme assez lent mais essentiel pour s'en imprégner, avec des rebondissements bien amenés. Bien évidemment, on sent que certains passages sont un peu vite expédiés avec des scènes qui arrivent précipitamment dont l'intérêt reste parfois sommaire. Malgré cela, le film déroule un scénario qui tient la route dans l'ensemble où le suspense est au rendez-vous. Les ingrédients typiques à ce genre de film sont réunis pour un moment de cinéma intéressant à suivre. Là où le bas blesse est dans le manque d'originalité et surtout de renouveau. Avec un tel matériau d'origine, le film aurait pu être un excellent thriller sombre et aux scènes chocs. Résultat, un film classique qui se regarde sans déplaisir et qui reste divertissant.

Derrière la caméra, Tomas Alfredson fait ce qu'il peut pour rendre l'ensemble du film captivant, digne d'un bon thriller poisseux. La mise en scène centrée sur les personnages est parfois saccadée et entrecoupée de scènes qui arrivent un peu comme un cheveux sur la soupe. Les décors participent à créer une atmosphère et une ambiance générale angoissante, confrontant la grandeur de la nature enneigée à l'intime vie des personnages, la photographie aux couleurs pâles et froides est de mise dans le film et la bande-son est quasi-absente comme pour marquer davantage cette sensation d'inquiétude pour le spectateur. Une réalisation qui tient la route mais qui aurait pu être meilleure (merci les studios).

Michael Fassbender s'affiche dans la peau d'un flic alcoolique, au passé douloureux qu'on ne connaît pas. Apathique, son personnage mène l'enquête. L'acteur est toujours aussi bon face caméra même s'il faut bien avouer qu'il nous a habitués à mieux. Pour l'accompagner, Rebecca Ferguson est elle plus impliquée et concernée par ce qui se passe. Certes son rôle est loin d'être extraordinaire mais elle fait le job, ni plus ni moins. On trouve également au casting Charlotte Gainsbourg dans un rôle de femme aimante soucieuse des gens qui l'entoure. Même dans un film étranger, elle sait se faire remarquer, et ce, avec toujours une envie de bien faire. Mention spéciale à Val Kilmer, qui obtient la palme du jeu dénué d'intérêt en partie à cause d'un visage inexpressif que l'on reconnaît à peine.

Pour sa nouvelle réalisation, Tomas Alfredson sauve les meubles d'un film meurtri par un tournage compliqué. Reste un thriller convaincant dans l'ensemble avec des acteurs plutôt bons.

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