Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.
Benoît Delépine et Gustave Kervern officient tous deux à la télévision et se rencontrent en 1999 dans les locaux de Canal+. Ils se lancent dans l’aventure de l’émission télévisée Grolandest et de leur rencontre naissent de nombreux sketches. En 2004, ils signent leur première collaboration cinématographique avec le road-movie Aaltra dont ils assurent la réalisation et l’interprétation. S’en suivent plusieurs collaboration, aussi bien à la télévision sur Groland qu’au cinéma dans différentes comédies pour le moins atypiques, avec toujours leur patte artistique parfaitement identifiable.
En 2018, ils reviennent avec une nouvelle comédie caustique, I Feel Good. Habitués aux comédies incisives et dérangeantes, les réalisateurs sont de retour au meilleur de leur forme et signent une comédie qui a le mérite de sortir du lot. Critique acerbe de la société actuelle, le film amène avec intelligence des thématiques fortes telles que le vivre-ensemble, l’entrepreneuriat, les relations familiales et amicales ou encore le partage. Un mélange pour le moins surprenant mais qui dans les mains de Delépine et Kervern fait merveille. Le spectateur se retrouve pris à parti dans une histoire atypique qui ne laisse pas indifférent par ses nombreux rebondissements entre moments intimistes et envolées inattendues voire absurdes. L’humour est comme toujours avec les réalisateurs détonant et pique au vif et en tant que spectateur soit on déteste soit on prend son pied. Le film intéresse tout du long du fait de la capacité qu’on les réalisateurs à faire adhérer les spectateurs à une histoire somme toute banale mais qui parle à tous. Tout le monde se sent concerné par ce qui se passe dans le film et en prenant le recul nécessaire, on arrive à en saisir tous les thèmes abordés et les messages délivrés, le film posant des questions sociales et morales intéressantes. Et on retrouve ce qui a toujours été au c½ur du cinéma de nos deux réalisateurs : faire des marginaux des héros, « seuls dignes représentants de l’humain ». Le tout est mené à un rythme bien senti pour que le spectateur soir toujours surpris dans le bon sens voire se retrouve bousculé.
Benoît Delépine et Gustave Kervern sont des plus à l’aise avec leur caméra et s’en donnent à c½ur joie. La mise en scène est inventive dans le sens où elle s’est se renouveler, les décors minimalistes reflètent parfaitement le caractère vérace que les réalisateurs veulent donner à leur récit, la photographie est très naturelle avec ses tons froids et pâles qui appuient encore plus le réalisme du métrage et la bande-son profile des airs entêtants. Une réalisation exigeante parfaitement maîtrisée pour un divertissement de qualité.
Jean Dujardin dans un rôle taillé sur mesure où il s’exprime librement et peut démontrer tout son potentiel d’acteur, on en redemande. L’acteur s’amuse de son personnage un brin dérangé aspirant chef d’entreprise et le compose à la perfection. Il est accompagné par l’exceptionnelle Yolande Moreau que l’on retrouve avec grand plaisir au premier plan. Et même si elle est moins présente que Dujardin, sa présence suffit à nous faire adhérer à son jeu d’actrice sans pareil et son côté benêt naturel qui la caractérise. Un duo décapant qui ne fait pas dans la dentelle. Retenons également la formidable galerie de seconds rôles où chacune de leur apparition fait mouche.
Pour leur nouvelle réalisation, Benoît Delépine et Gustave Kervern signe une comédie à leur image, parfois étrange et drôle mais surtout humaine. Du cinéma à l’état pur, sorte d’artisanat moderne qui fait plaisir à voir. Une ½uvre intelligente servie par un Jean Dujardin à son meilleur, une Yolande Moreau qui ne change pas et c’est pour ça qu’on l’adore et une galerie de personnages inoubliables. A ne pas manquer.
