Critique film
Publié le 26/03/2019 à 11h41 par Kévin Aubin
Green Book : Sur les Routes du Sud
10 /10

En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.

Peter Farrelly commence sa carrière en 1990 comme scénariste pour la série télé Seinfeld. En 1995, il se lance dans le cinéma en co-réalisant Dumb and Dumber avec son frère Bobby. Le duo, à la fois réalisateur, scénariste et producteur de ses films, rencontre vite le succès en imposant sa marque de fabrique : un humour potache, volontiers provocateur et vulgaire, qui puise partiellement sa force dans les faiblesses de chacun. S'en suivent plusieurs réalisations comiques toujours aussi empruntes à marquer le spectateur.

En 2019, il revient en solo cette fois-ci avec Green Book : Sur les routes du sud, qui emprunte son titre à un guide de voyage intitulé The Negro Motorist Green-Book. Peter Farrelly signe sa première incursion dans le registre dramatique et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il surprend dans le bon sens du terme. Avec cette histoire vraie, le réalisateur signe un feel-good movie comme on les aime. D'entrée de jeu, le spectateur a envie de plonger dans cette histoire humaniste où deux hommes que tout oppose vont devoir se côtoyer le temps d'un voyage riche en rebondissements. A travers ce voyage, le réalisateur déroule un plaidoyer sur le vivre-ensemble en évoquant le racisme avant l'abrogation de la ségrégation raciale. Tout au long du film, le spectateur apprend à découvrir ces deux hommes pour un choc des cultures garanti. Les dialogues y sont savoureux, l'humour y est léger et bien amené malgré un sujet grave et l'ambiance 60's dans le sud des Etats-Unis nous transporte. Le métrage a le mérite de nous émouvoir sans tomber dans le pathos. Un très beau film rempli d'espoir où l'homme est au premier plan. Une oeuvre attachante qui va droit au c½ur aux questions sociales intelligentes et qui fait du bien.

Peter Farrelly réussi son virage dramatique et porte la bonne histoire qu'il attendait. La mise en scène bien qu'académique est une bouffée d'air frais, les décors invitent au voyage et à l'évasion pour un road movie garanti, la photographie est très claire et lumineuse avec un léger voile qui offre une totale immersion dans l'époque des années 60 et la bande-son profile des morceaux enjoués. Une réalisation pêchue pour un film qui l'est tout autant.

Viggo Mortensen et Mahershala Ali portent le film admirablement. Leur duo fonctionne et détonne à merveille avec une alchimie évidente. Leurs personnalités bien distinctes font des étincelles entre un Viggo Mortensen bourru et au franc parler assumé, et un Mahershala Ali propre sur lui au langage bien soutenu. Mais tous deux accusent des fêlures psychologiques qui font leur point commun. Les acteurs secondaires ne sont pas en reste et viennent rythmer comme il se doit un récit très agréable à suivre.

Pour sa nouvelle réalisation, Peter Farrelly prend un virage dramatique inattendu et livre une oeuvre qui fait du bien au moral et qui n'oublie pas d'être intelligente dans son propos. Un feel-good movie excellent servi par un duo d'acteurs formidable. A voir et à revoir.

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