Critique film
Publié le 20/08/2025 à 11:19 par Grégory

Grave Encounters

Affiche
7,5 /10
Lance Preston et l’équipe de l’émission Grave Encounters, une télé-réalité autour de la chasse aux fantômes, tournent un épisode dans l’hôpital psychiatrique abandonné de Collingwood où, chaque année, surviennent des événements inexpliqués. Soucieuse de pimenter son émission, l’équipe se laisse volontairement enfermer pour la nuit et débute, caméra à la main, son enquête paranormale. Tous vont vite réaliser que le bâtiment n’est pas seulement hanté, mais qu’il a sa vie propre, et aucune intention de les laisser en sortir.
Quand "Grave Encounters" est sorti en 2011, on pouvait craindre une énième variation du found footage dans la lignée de "Paranormal Activity". Pourtant, le film de Colin Minihan et Stuart Ortiz (The Vicious Brothers) réussit à tirer son épingle du jeu. L’histoire est simple : une équipe de télévision qui tourne une émission de chasse aux fantômes décide de passer une nuit dans un vieil hôpital psychiatrique abandonné. Mais très vite, la façade rassurante du tournage bascule dans l’horreur la plus totale, lorsque les murs semblent se refermer sur eux et que le bâtiment devient un piège sans issue.

Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont le film utilise les codes des émissions paranormales qu’on a tous déjà vues. Au début, on sourit presque : tout est calibré, les témoignages de figurants, les caméras posées dans les couloirs, les réactions exagérées des animateurs. Puis, insidieusement, le film brouille les pistes. On réalise qu’il n’y a plus de mise en scène : ce qui se passe est réel pour les personnages, et par ricochet pour nous. Le décor joue un rôle énorme dans cette illusion. L’hôpital, avec ses couloirs interminables et son ambiance étouffante, devient le véritable monstre du film.

Là où "Grave Encounters" est intelligent, c’est dans sa façon de provoquer la peur. Ce n’est pas une avalanche de fantômes qui surgissent à chaque coin de mur, mais plutôt la sensation de désorientation. Les sorties disparaissent, le temps se dérègle, les personnages perdent leurs repères. On ressent une angoisse sourde, celle de l’enfermement et du néant. Bien sûr, il y a quelques effets numériques un peu datés, mais ils sont utilisés avec mesure, et l’efficacité de certaines séquences suffit à compenser.

On ne peut pas ignorer que le film a ses défauts. Le jeu des acteurs n’est pas toujours convaincant, et certains sursauts sonores sont assez prévisibles. Mais en même temps, ce côté brut et parfois maladroit colle assez bien au principe du found footage. On n’est pas devant un film léché et contrôlé : on a l’impression de voir une bande qui nous parvient malgré elle, comme un document interdit. Cette sensation d’authenticité, même fabriquée, est sans doute ce qui explique la fascination qu’il suscite encore.

Au final, "Grave Encounters" est une expérience à part. Ce n’est pas le film le plus effrayant de son époque, ni le plus original dans son concept, mais il marque par son atmosphère oppressante et son refus de donner une échappatoire. On sort du visionnage avec le sentiment d’avoir erré dans ce labyrinthe maudit aux côtés des personnages, et c’est probablement ce qui en a fait, au fil du temps, un petit classique culte pour les amateurs de frissons nocturnes.
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