Critique film
Publié le 30/10/2018 à 12h16 par Kévin Aubin
En Guerre
9,5 /10

Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

Stéphane Brizé côtoie le monde de la télévision et du cinéma en devenant technicien de l'audiovisuel. En 1993, il choisit de passer à la réalisation avec le court-métrage Bleu dommage qui remporte le Grand Prix du Festival de Cognac. En 1996, il continue sur cette lancée en réalisant L'Oeil qui traine gagnant de nombreux prix. En 1999, il passe en vient au long-métrage avec Le Bleu des villes qui est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et remporte le prix Michel d'Ornano du meilleur scénario. En 2005, avec Je ne suis pas là pour être aimé, il rencontre une nouvelle fois le succès. Poursuivant sur sa lancée, il enchaîne les réalisations remarquées et citées dans de nombreux festivals. En 2015, il permet à Vincent Lindon d'être récompensé à Cannes et aux César pour sa performance dans La Loi du marché.

En 2018, il revient avec un film social réaliste engagé, En Guerre. Drame français viscéral, un film choc intense dont on ne ressort pas indemne. Le réalisateur s'accorde une nouvelle fois à filmer une réalité qui dérange, qu'on ne voit pas ou qu'on ne veut pas voir. Il nous montre l'envers du décor des images des médias d'une façon honnête et vérace. Les dialogues sont ciselés à la perfection, les situations bien que très travaillées sont d'un naturel bien défini, le travail de recherche est minutieux et c'est avant tout un film politique qui observe la vie du peuple. Une œuvre cinématographique qui évite le grand-guignol pour mieux appréhender ce qui se joue réellement pour des hommes et des femmes aujourd'hui, la survie. Un film qui fait écho à l'actualité et qui dénonce sans accuser mais simplement montrer une triste réalité. Rageur et engagé, on a parfois l'impression d'être devant un documentaire ou un reportage criant de vérité. Un film qui dénonce où le spectateur est pris dans l'engrenage d'une révolte à laquelle il participe sans prendre parti. Le spectateur assiste impuissant à ce qui se déroule sous ses yeux et ressort de la salle dans le silence, sidéré. Un métrage à encourager et certainement l'un des plus puissants du genre.

Stéphane Brizé est une fois de plus très impliqué et sa réalisation s'en fait ressentir. La mise en scène prend aux tripes et met avant tout en avant les acteurs, les décors dénués de vie montrant la vie du peuple ouvrier en disent long, la photographie pâle et froide là encore sans vie renforce cette atmosphère pesante présente tout le long du film et la bande-son très présente en devient assourdissante et traduit le chaos, la ténacité et la fierté des ouvriers. Une réalisation parfaitement maîtrisée qui montre tout le travail engagé.

Vincent Lindon retrouve une nouvelle fois Brizé dans un rôle incomparable. L'acteur est la voix du peuple et est habité de bout en bout. Il s'investit pleinement et ne fait pas dans la demi-mesure. Une nouvelle fois Lindon impressionne et démontre l'excellence de son jeu. Des comédiens non-professionnels viennent entouré Vincent Lindon. Ils apportent une vérité de leur vécu et un naturel à tous crains. On ressent l'engagement de leur part comme si eux-mêmes vivaient la situation du film. Un casting énorme !

Pour sa nouvelle réalisation, Stéphane Brizé signe un drame social réaliste et très intelligent où rien n'est laissé au hasard. Une œuvre magistrale dans l'air du temps qui mérite que l'on s'y attarde. Le tout servi par un casting très juste, Vincent Lindon y trouvant un rôle à sa mesure. Un film marquant dont on se souvient longtemps après visionnage.

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