Critique film
Publié le 08/06/2017 à 12h39 par Kévin Aubin
Cessez-le-feu
10 /10

1923. Georges, héros de 14 fuyant son passé, mène depuis quatre ans une vie nomade et aventureuse en Afrique lorsqu'il décide de rentrer en France. Il y retrouve sa mère et son frère Marcel, invalide de guerre muré dans le silence. Peinant à retrouver une place dans cet Après-guerre où la vie a continué sans lui, il fait la rencontre d'Hélène, professeure de langue des signes avec qui il noue une relation tourmentée...

Emmanuel Courcol entame des études de droit mais en découvrant le théâtre au Conservatoire d'Angers, il intègre l'ENSATT (école de la Rue Blanche). Il démarre sa carrière en tant que comédien où il joue sur les planches sous la direction de nombreux metteurs en scène. Il joue également au cinéma et à la télévision. En parallèle, il s'oriente vers l'écriture et devient scénariste où il officie pour quelques longs-métrages. Ce n'est qu'en 2015 qu'il tourne son premier film. Un film qui sort sur les écrans en 2017 qui a pour titre "Cessez-le-feu".

L'origine de ce film se déroulant en 1923 se trouve dans l'histoire personnelle du réalisateur. La Première Guerre mondiale faisant partie de son univers d'enfant par le biais de l'un de ses grands pères qui y avait combattu. Dans son premier long-métrage, Emmanuel Courcol évoque le retour des hommes du Front, physiquement entiers mais perdus, meurtris par la guerre psychologiquement. L'histoire se situe des les Années Folles, la période qui a suivi la Première Guerre mondiale, et qui n'a pas été si souvent traitée au cinéma. Le spectateur se retrouve donc face à un drame au sujet réaliste où l'après-guerre est au c½ur du récit. Un récit bien écrit qui prend le temps de bien montrer et faire les choses.

Emmanuel Courcol démontre une certaine sensibilité dans le traitement de son histoire presque pudique qui révèle ses réponses en catimini. Il est important pour le réalisateur d'apporter une réflexion sur le traumatisme de guerre en y insufflant sa propre vision. Le spectateur est partie prenante de cette réflexion qui lui aussi s'interroge voire découvre tous les tenants et les aboutissants de cette histoire au sujet fort et évocateur. Surtout que Emmanuel Courcol filme son histoire simplement et efficacement. Il ne cherche pas les artifices mais la véracité de son récit. L'histoire ainsi que ses personnages sont les éléments essentiels. Ainsi, la mise en scène est maîtrisée et profite aux acteurs, les décors et la photographie sont bien pensés pour rendre compte des univers très contrastés qui cohabitent dans le film, et les mélodies sonnent toujours justes. En somme, une belle réalisation française.

Comme dit précédemment, les acteurs sont au c½ur du récit et le réalisateur les magnifie à chaque plan. En trio de tête, on retrouve un Romain Duris qui comme à son habitude s'investit corps et âme dans son rôle. Céline Sallette est elle aussi excellente avec un jeu libre et spontané. Et Grégory Gadebois offre une prestation d'acteur bluffante dans le rôle d'un homme revenu du Front muré dans le silence. Mention spéciale à Julie-Marie Parmentier qui complète formidablement ce trio d'acteurs.
De magnifiques interprétations qui font donc plaisir à voir.

Pour sa première réalisation, Emmanuel Courcol propose un drame au sujet peu traité au cinéma maîtrisé de bout en bout. Dans un cinéma français qui cherche à aller vite en ne proposant que des redites, il signe une vraie proposition de cinéma avec une histoire intéressante à suivre et des acteurs très impliqués.

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