Test jeu vidéo
Publié le 08/01/2020 à 11h05 par Pikminouchon
Shenmue III
7,5 /10
PLATEFORME
ÉDITEUR DU JEU VIDÉO

AVENTURE - COMBAT

Shenmue 3 est un miracle. Le genre de truc improbable dont seul le média "jeu-vidéo" a le secret.
Dix-huit ans après un 2ème épisode qui a entraîné la mort d'une console (la Dreamcast) et d'un fabricant de console (Sega, relégué au rang de simple développeur), le gouffre à pognon de Yu Suzuki revient d'entre les morts après un financement entré en fanfare dans le Guiness Book.

Ryo et sa copine Shenhua vont enfin pouvoir sortir de la grotte mystérieuse dans laquelle ils étaient coincés depuis tant d'années... Toujours à la poursuite du meurtrier de son défunt paternel, mais aussi du papa de Shenhua porté disparu lui aussi, le très mutique Ryo va mener sa petite enquête dans un bled paumé du fin fond de la Chine des années 1990.
Ambiance champêtre, bol de soupe aux champignons et riz cantonais, le cliché n'est jamais loin. Même les pékins arborent des faciès cartoonesques et on aurait pu croire à la satire xénophobe...
Que nenni ! En fait, ce blagueur de Yu Suzuki nous a fait le coup du formol : nous resservir une recette tiédasse, inchangée depuis le précédent épisode.

Les fans seront ravis : "Shenmue 3" fait... du Shenmue ! Le rythme est lent, voire contemplatif avec une large place laissée à la nature et aux habitants que vous allez rencontrer. Le petit village de Bailu, qui fait office de longue introduction, vous mettra rapidement dans le bain, la vie s'écoulant paisiblement dans ce coin isolé... A son instar, l'enquête menée par Ryo prend tout son temps : il faudra demander à droite et à gauche et se heurter, parfois, à un refus... Il vous appartiendra alors de faire parler vos poings, après vous être entraîné au dojo du coin. C 'est scripté, mou du genou, mais on ne pourra pas reprocher au développeur d'avoir trahi les fans de la saga. Bien au contraire : Shenmue 3 apporte une nouvelle profondeur en introduisant de nouvelles "pauses" dans la quête de Ryo. Vous en apprendrez davantage sur ses sentiments personnels, sur sa relation avec Shenhua (papotez le soir au coin du feu!) puis sur Ren, le badboy au grand cœur du second opus qui refait ici son entrée. Avec un peu de chance même, vous le verrez sourire ! Mieux, Ryo changera enfin de fripes et abandonnera son vieux combo tshirt-jeans Uniqlo !

Si les fans sont caressés dans le sens du poil, les nouveaux venus verront les leur se dresser rapidement... Certes, le jeu est très beau, grâce à l'Unreal Engine 4. Les décors, les détails, les effets de lumière s'avèrent surprenant, surtout si l'on repense à la campagne marketing calamiteuse qui montrait des screen-shots peu flatteurs et des modélisations de personnages d'un autre temps ! En revanche, question gameplay, ça coince en 2019 : tout est très laborieux ! Ryo n'est déjà pas très rapide et il faut gérer un nouveau facteur, l'épuisement. Courir ou manger, telle est la question ! Et qui dit argent pour acheter de la nourriture, dit travail...et comme dans la vraie vie, ce n'est pas toujours très marrant, ni très intéressant ! Ryo peut aussi ramasser des herbes sauvages pour les vendre à prix d'or chez l'herboriste : l'idée est bonne mais sa mise en œuvre nettement moins. Il faut zoomer sur l'herbe, cadrer et appuyer sur le bon bouton. C'est lent et ça casse le rythme. Même topo si vous souhaitez fouiller les habitations et leur mobilier : zoomer sur le bon tiroir prend des plombes, et il faut parfois tout inspecter pour trouver ce que l'on cherche.

Quant aux combats, la patte du géniteur de Virtua Fighter reste très présente : si les coups portent durement, la maniabilité de Ryo manque de souplesse. Et en plus, il faut beaucoup s'entraîner pour bastonner sans entrave les vilains. La progression dans les dojos s'avère sympa avec un système de classement et d'adversaires toujours plus retors. Dans l'ensemble, le système de combat aurait quand même mérité un petit coup de polish et s'inspirer de ce qu'on a vu de mieux depuis le début des années 2000 (coucou Rocksteady !) car le karaté de Ryo a pris un petit coup dans les gencives.

Il reste heureusement à Shenmue un charme suranné qui ravira les vieux routards. Le scénario est agréable à découvrir même si la conclusion, surprenante, ne clôture en rien la saga. Pire, les rebondissements sont finalement très peu nombreux et l'histoire pourrait se résumer à quelques lignes : gloups ! Il faut donc espérer que les ventes de ce 3ème épisode suffisent à enclencher la production d'un 4ème titre,Yu Suzuki n'ayant jamais caché ses ambitions à ce sujet. On se demande quand même comment "Shenmue 3" se débrouille pour avoir si peu de choses à nous révéler après toutes ces longues années passées à l'espérer !

Les fans de la série retrouveront donc un Ryo englué dans les sables d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, appréciant un rythme indolent assumé, très loin des bacs à sable hystériques et foisonnants. Les curieux ou les nouveaux venus ne lui adresseront qu'un regard torve et sans doute méprisant. Bref, Shenmue est un jeu pour les seuls fans, capables de lui pardonner tant de choses !
+
LES POINTS FORTS
LES POINTS FAIBLES
-
+ SHENMUE 3 !!

+ ASSEZ JOLI FINALEMENT

+ FIDÉLE À L'ESPRIT DE LA SÉRIE

+ DE NOUVEAUX MÉCANISMES DE JEU
- UN GAMEPLAY D'UN AUTRE TEMPS

- MOU, TRÈS MOU

- UNE HISTOIRE QUI S'ENLISE

- POUR LES FANS, ONLY !
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