Après 6 ans d'absence, la série phare de Nippon Ichi Software est enfin de retour pour un 6ème épisode canonique. "Disgaea 6" introduit un nouveau héros, le très décomposé Zed le Zombie, mais toute l'histoire trouve sa place dans l'univers déjanté de cette fantastique série de T-RPG.

Si vous ne connaissez pas Disgaea, sachez qu'il s'agit d'un RPG tactique où vous devez mener vos combats en temps réel sur un damier. Chaque héros a ses propres capacités, attaques et magies et peut se mouvoir plus ou moins loin. L'idée est de faire monter une équipe variée aux membres complémentaires pour pouvoir faire face à toute éventualité. Enfin, dernier argument de poids : l'humour décapant et souvent débile rend cette série aussi singulière qu'attachante, avec un côté parodique très assumé.
Traditionnellement, "Disgaea" n'est pas un jeu facile, certes, mais il propose énormément de possibilités pour le joueur curieux. Il faudra juste oser s'aventurer dans des couches de statistiques parfois obscures : une fois le pas franchi et les habitudes prises, le joueur naviguera dans un gameplay parfaitement calibré et éprouvé.

Mais revenons au scénario de ce nouvel épisode : Zed est un zombie tenace et revanchard. Il veut faire la peau au (trop) puissant Death- Tructor Divin sur lequel il s'est déjà cassé les dents. Affublé d'un canidé particulièrement bavard, il se laisse convaincre malgré lui d'engager une véritable petite armée pour parvenir à ses fins. Cerbère, son compagnon canin, va donc créer de toute pièce un sous-monde, histoire d'aider à renforcer et entraîner la fine équipe en vue du combat final : un travail de longue haleine attend donc le joueur !

Les missions sont extrêmement nombreuses et "Disgaea 6" est chapitré. A chaque fois, de nouvelles rencontres (on commencera par un Roi particulièrement opulent...), de nouveaux enjeux pour lentement glisser vers un inévitable dénouement. La grande idée de "Disgaea 6" est habilement liée au scénario du jeu : Zed va mourir. Souvent. En bon zombie, il reviendra à la vie, inlassablement, usant de son don d'Ultra-Réincarnation. En somme, la défaite est plutôt ici synonyme de renaissance : Zed reviendra à la vie mais au niveau 1, sans pour autant sacrifier le reste de ses capacités acquises. Cette mécanique est au cœur du jeu et justifie donc des game-over assez fréquents. Néanmoins, en préparant correctement son équipe, on peut fréquemment retarder le trépas.
Ainsi, le sous-monde s'étoffera petit à petit en proposant de nombreuses activités annexes et vous aurez la possibilité de booster les stats de vos héros ou même de vos objets ! La buvette, le monde des objets, l'armurerie... Tout cela est fort utile et devrait être visité régulièrement. Le spirite notamment, puisque vous pourrez lâcher quelques points de mana contre une sérieuse mise à niveau de vos talents magiques, voire en apprendre carrément de nouveaux !
Quant à la taverne, vous pourrez accéder au bien nommé "comptoir de la triche" pour répartir vos points de XP, de Mana, et ajuster d'autres critères. Surtout, vous devriez faire un tour à l'Assemblé Infernale, dans le but de recruter de nouveaux héros, d'opter pour des touches cosmétiques ou d'ajuster l'Ultra-réincarnation... La politique et sa corruption, mises en scène dans "Disgaea", ça ne manque certainement pas de piquant, ni d'humour !

Rencontrer et discuter avec tous les PNJ du sous-monde, c'est clairement se perdre dans les arcanes du jeu. "Disgaea 6" est très (trop ?) proche des épisodes précédents et les fans ne seront ni perdus, ni surpris par la pléthore de petites choses à découvrir dans ce hub un peu spécial, entre deux combats. Même si tout n'est pas très utile (ou très clair), il y a clairement de quoi faire pour booster ses stats, sans compter l'achat de matériel à l'armurerie ou la complétion des nombreuses quêtes annexes (qui débloqueront, occasionnellement, de nouvelles classes de combattants !).

Tout ce travail en amont n'a qu'un seul but : vous faciliter la tâche en plein combat ! Ces derniers sont toujours aussi cool et tactiques. Les possibilités sont reprises des précédents opus : soulever, lancer ses propres héros ou les ennemis (quitte à faire des tours entières !), jouer avec les géopierres et leurs bonus/malus, abuser du système de combos ou de soutien... Tout maîtriser prendra du temps, c'est une certitude. Le plus marrant, et c'est sans doute la marque de fabrique de cette série qui ne se prend jamais au sérieux, ce sont les points des dommages avec des personnages pouvant infliger des torgnoles à plus de 50k de dégâts !
La nouveauté technique de cet épisode : les jolis petits sprites en pixel art ont fait place à une 3D intégrale... On redoutait un peu ce passage à la moulinette 3D mais, finalement, les adorables persos ne perdent presque pas de leur superbe. Mieux, les supers attaques n'hésitent pas à se réinventer grâce à des mises en scènes plus "punchy" que seule la 3D autorise désormais. Bref, les graphismes et la mise en scène sont réussis ! Mention spéciale également aux illustrations et aux menus qui transpirent une classe assez inattendue : ce petit détail commence à être de plus en plus fréquent dans les dernières productions de Nippon Ichi Software et on sait l'apprécier à sa juste valeur, en bon esthète vidéo-ludique...
On regrettera néanmoins, encore et toujours, le curseur et ses nombreux caprices : difficile de le placer là où on veut, du 1er coup. Il faut très souvent s'y reprendre avant de pouvoir sélectionner le bon perso ou le bon endroit sur le damier. On peut certes jouer avec l'angle de la caméra et zoomer, mais cela ne suffit pas. Un défaut récurrent dans la série et qu'il faudrait clairement finir par corriger un jour ! Les combats perdent en précision et le joueur pestera devant tant d'archaïsme !

Ultime détail (très à la mode) : la possibilité dans les options de choisir son mode d'affichage en privilégiant la fluidité aux détails affichés. Sans aucun doute, si vous jouez en nomade, les modes Qualité et Equilibré sont à privilégier, à défaut d'un mode Performance à oublier rapidement à moins d'aimer la bouillie de pixel et l'aliasing..

Avec ses combats nombreux et variés, "Disgaea 6" est donc une franche réussite qui n'étonnera jamais le fan de la série. Si on met de côté les nouveaux personnages et l'histoire parodique, tout le système de jeu est conservé à l'identique. L'humour ravageur et souvent débile reste de la partie, épaulé par une excellente version française qu'il faut saluer ! Les personnages sont charmants (les Prinnies notamment!) et déjantés (Zed et Cerbère, au top !), la durée de vie copieuse, les possibilités de customisation donnent le tournis : s'il ne réinvente pas la roue, on peut quand même penser qu'il s'agit de l'épisode le plus complet de la série et sans doute l'un des meilleurs. En attendant un inévitable 7ème épisode plus original et novateur, foncez l'acheter, dood !