Critique film
Publié le 22/05/2018 à 20h16 par Floriane
Un Couteau dans le Coeur
8 /10

Paris, été 1979. Anne est productrice de pornos gays au rabais. Lorsque Loïs, sa monteuse et compagne, la quitte, elle tente de la reconquérir en tournant un film plus ambitieux avec son complice de toujours, le flamboyant Archibald. Mais un de leurs acteurs est retrouvé sauvagement assassiné et Anne est entraînée dans une enquête étrange qui va bouleverser sa vie.

Après "Les Garçons sauvages" de Bertrand Mandico, la nouvelle sensation du cinéma de genre français se nomme ‘Un Couteau dans le C½ur’. Présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, le deuxième long métrage de Yann Gonzalez (‘Les Rencontres d’après minuit’) est un geste de cinéma d’une folie électrique qui a bousculé les festivaliers cannois.

Avec une première scène éclairée aux néons où se mélange sexe et meurtre sanglant "Un Couteau dans le C½ur" nous plonge tout de suite dans son univers façon giallo des 70’. Pour cette histoire transgressive à l’esthétique flashy, Gonzalez s’est clairement inspiré du cinéma de Paul Vecchiali, R.W Fassbinder, Dario Argento et surtout celui de Brian de Palma. Le réalisateur construit son récit comme un film de troupe où une véritable solidarité s’installe pour ces travailleurs du sexe. Les scènes de tournage érotiques ne sont jamais crues, mais suggérées grâce à une imagerie très forte, ainsi qu’une atmosphère sensuelle et électrique renforcée par l’excellente bande originale composée par le groupe M83.

Au-delà de la pornographie et de son hyperstylisation, "Un Couteau dans le C½ur" est un film sensible sur une femme dévastée par la perte de son amour (formidable Kate Moran). Inspiré par une célèbre productrice de cinéma gay des années 70, le personnage d’Anne (Vanessa Paradis) est une femme imparfaite, mais d’une intensité captivante. Avec cette anti-héroïne le réalisateur offre un rôle en or à Vanessa Paradis. Un rôle excessif où l’actrice sort de sa zone de confort pour mieux nous emporter par la vulnérabilité qu’elle arrive à transmettre à cette mante religieuse à la folie contagieuse.

On peut reprocher certaines lourdeurs et maladresses, en particulier sur l’arc meurtrier du film. Mais sa symbolique très forte, comme une métaphore du SIDA et de l’homophobie planant et interrompant tout plaisir de cette communauté déjà meurtrie bouleverse, surtout lors de sa scène finale qui reprend l’idée de la salle de cinéma comme un lieu pour affronter ses démons. Un final glaçant qui laisse place à une scène post-générique magnifique où les plaisirs semblent renaître avant qu’une nouvelle menace s’abatte.

Avec "Un Couteau dans le C½ur" Yann Gonzalez signe un trip flashy, kitch, sexuel, mais surtout bouleversant par son hommage aux giallos doublé d’une ode au féminin sous toutes ses formes.

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