Critique film
Publié le 28/10/2016 à 11h39 par Mehdi
Everybody Wants Some
7,5 /10

Fin de l'été 1980 Jake, jeune étudiant féru de baseball, emménage dans sa nouvelle colocation, quelques jours avant le début des cours et des premiers entraînements dans l'équipe universitaire. Il y rencontre une bande de copains qui sont tous sportifs comme lui, ainsi qu'une jeune étudiante en art qui l'intrigue...

Nous avons tous vu au moins un film sur la jeunesse universitaire américaine, ses clubs de fraternité et sororité, les grandes allés entre des bâtiments en briques rouges, les sportifs en teddys, et surtout, les fêtes orgiaques qui anéantissent l'idée même de puritanisme de la bonne société américaine.

Dans le genre, j'ai pour ma part adoré les "lois de l'attraction" de Roger Avary, sorti en 2002, avec comme acteurs principaux les excellents James Van der Beek ("Dawson") dans un contre emploi, et Shannyn Sossamon ("40 jours et 40 nuits"). Ce film est basé sur le roman éponyme de Bret Easton Ellis, auteur incroyable qui a donné un autre film qui connut un certain succès, "American Psycho".

Pourquoi je cite "les lois de l'attraction" ici, c'est que le réalisateur Richard Linklater s'est inspiré (volontairement ou non) des codes du film d'Avery, en premier lieu duquel, une bande son fabuleuse. Véritable personnage à part entière, la décennie 80 qui commence apporte au film toute la diversité que l'on trouvait à la radio à cette époque. Selon les scènes l'on passe du funk au disco pour souligner les soirées au pub, du punk hardcore pour un concert improbable au beau milieu du Texas, à la pop douce acidulé des soirées des étudiants en arts dramatiques. Toute une génération s'y retrouvera, même si le film est bien entendu orienté pour un public plus jeune que des quinquas.

Le deuxième code qu'utilise Linklater, c'est la photo léchée et haute en couleur. Ici on a toute la chaleur et le côté bariolé des habits de l'époque qui sont rendus, comme l'avait fait Avary pour illustrer la jeunesse de la fin des années 80 dans son film. D'ailleurs, j'applaudis l'équipe d'accessoiristes et décorateurs qui a réussi à rendre l'ambiance eighties dans les détails : outre les habits, on a le droit à des éléments électroménagers de l'époque (écrans à tubes, radio à transistors, frigo qu'on s'arrache maintenant...), des voitures d'avant l'avènement du diesel (même si de toutes façons cette motorisation n'est pas plébiscitée aux USA) et de l'hybride, tout y est. Même les expressions des personnages trahissent leurs imprégnation vintage.

Les personnages, parlons-en : aux évocations librement homo ou bisexuelles des "lois", d'une université du nord est américain, dont plus "européenne", le campus du Texas n'a l'air qu'accepter des mâles sûrs de leur hétérosexualité et de leur testostérones. Cela vient du fait que les protagonistes sont l'archétype du sportif de base : du poil, du muscle, un penchant certain pour la bière, souvent les trois en même temps. Les filles, dont la principale représentante est Zoey Deutch, sont elles décrites comme superficielles tout en étant intelligentes, prudes tout en étant délurées, une sorte de dualité et une recherche identitaire assumées par le réalisateur. C'est donc une société très commune et patriarcale qui est décrite là, et on a peine à croire que Woodstock s'est tenu 11 ans auparavant !

Le début du film pose l'arrivée de Jake, joueur de baseball surdoué qui débute sa vie universitaire en prenant possession de sa colocation, des us et coutumes des habitants (bière dans un bar à toute heure, basket-ball et ping pong d'intérieur), ainsi qu'en faisant la rencontre de Beverly dès le premier jour, cette dernière montrant son intérêt pour Jake de façon explicite.
Dès lors, que peut-il lui arriver dans ce laps de temps très court qui le sépare du début des cours, soit une cinquantaine d'heures? Des fêtes improvisées, des rencontres insolites avec des punks, un entraînement qui se termine en bizutage. Et au milieu de ça, Jake a une idée fixe : retrouver sa belle dans le campus et la conquérir.

Décrit comme ça, c'est un peu un "very bad trip" sans bad trip, un peu comme "les lois de l'attraction" sans le côté malsain de Bateman, un teenage movie un peu plus adulte.
Les acteurs le sont assurément, tant on a l'impression que ce ne sont pas des lycéens qui débarquent à la fac. Ce n'est pas tant une tare si l'on considère que les propos des protagonistes sont parfois un peu moins légers. Ainsi on n'a pas ou peu affaire à des jeunes hommes avides de sexe à tout prix. C'est leur sport qui motivent leurs actes, et d'ailleurs c'est sur le terrain que les caractères s'affirment.
Le scénario n'est pas le plus complexe qu'on ai vu, mais il fonctionne car il sert avant tout l'objectif de son réalisateur : faire un film presque autobiographique (il avait 20 ans au Texas en 1980).

Finalement, le divertissement est au rendez-vous, avec une mention spéciale pour la bande-son, comme je l'ai dit, qui colle parfaitement à l'époque, et terriblement bien aux scènes. Tout comme son aîné "les lois de l'attraction", ce film casse les codes du film de campus tout en restant fidèle à la fraîcheur qu'il est sensé impulser.
Sans être le film de l'année, c'est une valeur sûre pour tout public.

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