Test jeu vidéo
Publié le 20/08/2020 à 09h54 par Pikminouchon
The Last of Us Part II
8,5 /10
PLATEFORME
ÉDITEUR DU JEU VIDÉO

ACTION - INFILTRATION - SURVIVAL HORROR

Il a fallu attendre 7 longues années et quasiment une génération entière de console PlayStation pour découvrir, contre toute attente, la "vie d'après" d'Ellie et Joel ! Alors qu'on pensait avoir tout vu et tout traversé lors du 1er opus sur PS3, les petits coquins de Naughty Dog avaient visiblement encore des choses à nous dire... quitte à en remettre une couche du côté de la violence !

Comme pour le 1er épisode, "The Last of Us" ne fait pas dans la dentelle et il faut parfois être bien accroché. Le propos du jeu (la fin du monde, carrément) ne se prête certes pas à la galéjade mais, à cela, s'ajoute une classique histoire de vengeance où l'escalade des tensions est de mise. Oui, Ellie va partir en croisade, seule (ou presque !) contre tous. Oui, des têtes vont tomber, amies comme ennemies. Et oui, le jeu va faire brillamment la synthèse de tout ce que la génération PS4 a pu apporter pendant toutes ces belles années.

Premier constat, fort évident, le jeu est beau. Les superlatifs pourraient même rapidement pleuvoir si on se laissait emporter. Ce qui frappe le plus ? Les détails maniaques, sans nul doute : la neige, la poussière, le feuillage... Les environnements naturels sont parfaits et criants de réalisme, sans compter la gestion des éclairages. Quant aux habitations délaissés par l'Homme depuis l'infection, c'est un plaisir de voir comment la Nature y repris ses droits : l'herbe et la mousse envahissent les murs ou le parquet, les fougères ont poussé sur les matelas... Bien souvent, le jeu est photo-réaliste, on se demande même à quel point on peut encore améliorer ce rendu graphique : il faudra attendre la fin de la gen PS5 pour obtenir quelque chose d'aussi fouillé et cohérent... Certains détails de gameplay, plus discrets, sont pourtant carrément hallucinants, comme la gestion des cables et autre cordage, permettant de résoudre quelques énigmes de façon finalement très naturelle : ça a dû demander des tas d'algorithmes et de ressources, mais ça servira assurément dans les productions ultérieures. Il est finalement clair que les équipes de Naughty Dog ont bénéficié d'un budget colossal et de moyens techniques assez uniques dans l'industrie (la motion capture d'un chien par exemple !). Résultat : ce monde dévasté n'est exempt ni de beauté, ni de poésie.

Mais revenons à nos infectés. Le bestiaire est toujours aussi étriqué de ce point de vue, même si on trouve les nouveaux "Puants" au milieu des "Claqueurs" et des "Rôdeurs", familiers. Côté humains, l'homme étant un loup pour l'homme, deux factions entrent en jeu : les Wolf (qui travaillent en équipe, en factions groupées...) et les Scar (spécialistes du tir à l'arc et donc de l'attaque à distance, en fourbe). Il sera donc judicieux d'adapter son arsenal et son approche (vive l'arc !) en fonction du style d'ennemi croisé. Entre 2 phases de plate-formes, nos héroïnes devront choisir entre l'attaque frontale (bruyante et exigeante en munitions...) ou l'approche subtile (avec infiltration silencieuse et stealth kills à la clef).
Pour ceux qui ont déjà joué au premier épisode, aucune surprise : mise à part la possibilité d'esquiver au corps à corps, le système de combat n'a pas bougé d'un pouce. Côté infiltration, vous pourrez toujours détecter la présence de certains ennemis à travers les obstacles en ralentissant l'action... Le tout se fait dans des zones assez étriquées avec la possibilité de jouer avec le décor (se cacher derrière ou dessous...) ou de gagner de la hauteur. Finalement, si on enlève le magnifique vernis cosmétique du jeu, The Last of Us Part 2 est très classique dans son gameplay et son level design. Il serait même un peu ennuyeux sur cet aspect car c'est du "déjà joué", que ce soit du côté du 1er opus ou même de la série Uncharted.

Alors ? Qu'est ce qui fait son charme et le fait qu'il est difficile de poser la manette ? L'histoire et ses enjeux tout d'abord... D'une simple excuse de vengeance, Ellie va commencer son introspection au moment de phases plus contemplatives, propices à la réflexion. Les flashbacks et autres boucles temporelles sont nombreuses dans ce jeu : finalement, la vie confinée à Jackson, le petit bourg bricolé au début du jeu, c'était pas si mal ! La relation (polémique chez les esprits chagrins...) qu'elle a noué avec Dina se greffe très simplement dans le récit et gagnera en intensité au fur et à mesure des défis relevés : l'empathie du joueur ira donc crescendo, parfait pour un climax perturbant ! Si les ficelles de Neil Druckmann sont souvent un peu épaisses et si le jeu reprend très largement les acquis de l'épisode fondateur, il faut reconnaître le très gros travail d'écriture et de caractérisation des personnages, certains moins secondaires que ce qu'on aurait pu penser de prime abord !
Jusqu'à se demander qui est le véritable protagoniste de ce jeu finalement. Car vous allez incarner différents personnages dans des histoires entrecroisées : là encore, l'objectif des scénaristes est limpide. Il importe d'impliquer toujours plus le joueur, émotionnellement. De le faire douter, en particulier sur les pseudos positions manichéennes du récit. Cet aspect narratif est très réussi , n'en doutons pas, même si toutes les réponses ne sont pas données, ou alors en filigrane... C'est bien dommage pour un certain personnage au corps puissant et, visiblement éprouvé par cette vie de fuite et de violence : on aurait aimé en savoir plus sur son passé et ce qu'elle a traversé pour en arriver là...

Pour en revenir au gameplay, il alterne donc des phases de pure narration, des phases de combats/infiltration, et des phases d'exploration. Concernant ces dernières, toute l'expertise de Naughty Dog a été nécessaire pour amener gentiment le joueur à fouiller le moindre recoin, sans qu'il s'en rende compte. En effet, chaque tiroir ou bâtiment mérite une exploration minutieuse au risque de passer à côté d'un arsenal salvateur, de munitions ou d'indices. Si, au début du jeu, aux alentours de Jackson, la trame est assez linéaire, le terrain de jeu ira crescendo lorsque vous serez parachuté à Seattle : désormais, l'exploration sera réellement de mise (même si tout est habilement "clôturé"...) et il ne faudra pas se limiter aux seuls Rez-de-chaussées. Les immeubles abritent de nombreux étages riches en surprises... quitte à tomber nez à nez avec un infecté ou deux! Ainsi, le loot (chiffon, alcool, etc...) est indispensable pour prolonger votre survie : sachez que vous pouvez fabriquer des soins ou des cocktails molotov au beau milieu des hautes herbes si vous le souhaitez, mais améliorer ou créer des armes se fera inévitablement sur un atelier, à l'ancienne. Donc plus rarement et plus intensément : trouver un atelier récompense alors tous vos efforts de recherche et l'accumulation des ressources que vous avez pu faire en chemin. A chaque fois, améliorer vos armes est un moment charnière qui apporte son lot de satisfaction lors des prochains gunfights... Sans compter la joie de pouvoir enfin bricoler une lunette pour votre fusil ou un silencieux de fortune pour votre flingue !

Naughty Dog oblige, tout est fait pour que le joueur ne sente pas la répétition et l'ennui : le rythme est travaillé de façon moins systématique qu'un Uncharted (souvent plus prévisible), les moments de tensions alternent avec ceux permettant un développement scénaristique, la variété des situations et des décors est de mise. Les moyens de locomotion illustrent également ce constat et s'adaptent à la situation : le cheval pour les moments bucoliques et champêtres, propices à la complicité et au romantisme. Puis les véhicules terrestres ou maritimes pour des phases plus enlevées où, bizarrement, la gestion rigoureuse des munitions est mise au placard le temps d'un défouloir échevelé !

Bref, "The Last of Us Part 2" n'invente rien de point de vue du gameplay : c'est un pur produit Naughty Dog, un travail d'orfèvre fort dispendieux mais qui fait son effet. Il dispose en outre d'un soin particulier concernant les options et paramètres du jeu : énormément d'éléments peuvent être ajustés, supprimés ou ajoutés, rendant l'expérience abordable et appréciable pour tous les joueurs, quels que soient leur dextérité ou leur handicap (jouabilité simplifiée ou couleurs modifiées pour les mal-voyants par exemple...). Mise à part sa violence et son approche "adulte", "The Last of Us Part 2" ne laissera personne sur le carreau et son propos souvent politique pourra s'apprécier quelles que soient les barrières.
Sous ses magnifiques et incontestables atouts, se cache donc un jeu d'aventure efficace, accessible et parfois grandiloquent. Le superbe travail d'écriture et de mise en scène donne un supplément d'âme et une personnalité forte à un titre clôturant avec panache la carrière flamboyante de la PS4. Rendez-vous donc sur PS5 avec Naughty Dog pour un nouvel uppercut à la mâchoire !
+
LES POINTS FORTS
LES POINTS FAIBLES
-
+ BEAU COMME UNE APOCALYPSE !

+ DES DÉTAILS PARTOUT, TOUT LE TEMPS

+ UN GAMEPLAY EFFICACE ET BIEN RODÉ

+ UN SCÉNARIO QUI PREND SOUVENT AUX TRIPES

+ LE PLAISIR DE L'EXPLORATION, LA PEUR AU VENTRE

+ DES PERSONNAGES TRÈS TRAVAILLÉS

+ DES TAS D'OPTIONS ET DE PARAMÈTRES DE JEU
- NIVEAU GAMEPLAY, RIEN DE NOUVEAU

- BEAUCOUP DE VIOLENCE, INÉVITABLE.

- DES DÉVELOPPEMENTS PARFOIS LOURDINGUES
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