Critique film
Publié le 19/07/2017 à 15h42 par Ciné Vor
L'Esprit de Caïn
7,5 /10

Carter, un père de famille perturbé, découvre un jour que sa femme le trompe. Dès lors, quelque chose se "déchire" en lui...

Je suis personnellement fan du cinéaste Brian De Palma, j’aime sa vision et sa manière d’exploiter ses intrigues par des superpositions d’images, par des renforcements de couleurs ou par ses ralentis qui forment des scènes magistrales et mémorables. J’aime aussi cette folie criarde qu’il maitrise si bien, ce calme avant la tempête, la raison qui succombe à l’aliénation, tout comme les pulsions répondent à l’appétence.
Brian De Palma, c’est : "Phantom of the paradise", "Carrie au bal du diable", "Pulsion", "Bow Out", "Scarface" ou encore "Les incorruptibles". Tant de chefs d’œuvres et de matière florissante qui ont su édifier mon amour pour le cinéma. "L’esprit de Caïn" est sortie en 1992, soit un an après "Le bûcher des vanités" et un an avant "L’impasse", deux autres merveilles tirées de sa filmographie et dont le second affole mes papilles de cinéphile, rien qu'en le nommant. Avec "L'esprit de Caïn", il nous replonge dans un genre qu’il maitrise très bien, que se soit par la mise en scène ou la photographie. Le thriller chez De Palma, c’est une intrigue puissante, une musique transcendante, mais également un hôtel de respect érigé sans complexe par quelques scènes ou ambiances, à la mémoire du maître du suspense que fut Alfred Hitchcock.

Ici, il s’entoure une fois de plus d’un de ses acteurs fétiches, en la personne de John Lithgow ("Blow out", "Obsession") et de son compositeur Pino Donaggio ("Carrie", "Pulsions", "Blow out", "Body double"). Une référence notable, puisque chaque scène, dans lesquelles, Lithgow apparaît sur les accords de Donaggio, semblent transcender son jeu et sa folie, rendant l’œuvre magistralement intense.

En 1992, De Palma regrettera un choix imposé par les studios de production sur le montage final de son film. Lui, qui souhaitait conter son intrigue en mêlant des éléments tirés du fantasme, du passé et du présent, se voit alors imposé un montage plus élémentaire et chronologique. Aujourd’hui, le distributeur français Éléphant Films, nous propose de découvrir une version "Director’s cut", montée par un fan, réalisateur néerlandais du nom de Peet Gelderblom. Ce dernier s’est référé à des notes de De Palma pour recomposer le film, et l’auteur original fut totalement satisfait de cette initiative, au point d’accorder l’appellation "Director’s cut" à son travail. L’essence de ce montage rend le film encore plus acéré, nerveux et psychotique.
Le film est très imprévisible, donc très réussi ! On ne sait pas dans quelle direction, nous emmène cette déraison, mais on en savoure chaque instant. La mise en scène y est brillante, effrayante et tendue, il nous propose également un final stressant, comme dans "Les incorruptibles", il exploite ce fameux ralenti qui électrise nerveusement le spectateur. Lithgow est parfait dans son rôle, imposant et déstabilisant, il contribue habilement cette multi-personnalité qui transcende l’œuvre.

Pour ma part, "L’esprit de Caïn" est l’un des films les plus réussis de De Palma, il y exploite le trauma à sa manière, de façon très stylisée et personnelle, et rien que pour ça, j’aime !
Je recommande ce montage et cette belle édition vidéo, le film n’a aucunement perdu de son éclat, bien au contraire.

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