Critique série
Publié le 31/10/2018 à 16h12 par Floriane
Les Nouvelles Aventures de Sabrina
8 /10

Les nouvelles aventures de Sabrina imagine l’origine des aventures de Sabrina l’apprentie sorcière comme une sombre histoire axée sur le passage à l’âge adulte à travers l’horreur, les sciences occultes et bien sûr la sorcellerie. Sabrina lutte pour concilier sa double nature – mi-sorcière, mi-mortelle – tout en s’opposant aux forces du mal qui la menacent elle, sa famille et le monde des mortels.

Les sorcières sont de retour ! Après "Charmed", "Legacies" et "A Discovery of Witches" c'est au tour de Sabrina Spellman de venir vous jeter un sort dans "Les Nouvelles aventures de Sabrina" disponible sur Netflix. Si ce nom vous dit quelque chose, c'est que vous faites partie de la génération KD2A qui regardait les aventures de "Sabrina, l'apprentie sorcière". Mais ici, pas de kitch et d'humour gentillet, la version 2018 revendique un aspect plus sombre. Rien d'étonnant, puisque cette dernière est adaptée des BD Archi Comics datant de 2014 signées Roberto Aguirre-Sacasa qui revisite le mythe des sorcières, et non des comics légers des années 60.

Créée par Roberto Aguirre-Sacasa, qui adapte donc ses propres comics, le show débute alors qu'à la veille de ses 16 ans, la jeune adolescente doit faire face à un choix difficile : prêter allégeance au Dark Lord (Satan) lors de son "Dark Baptism" et renoncer à sa vie de mortelle ou renier la religion de sa famille et se retrouver sans coven. Véritable métaphore du consentement, cette introduction pose les bases de cette série post #MeToo. Car contrairement à "Riverdale", dont le show partage le même univers et le même créateur, "Sabrina" utilise avec intelligence son récit et ses personnages pour parler de problèmes sociaux. Au cours des dix épisodes composant cette saison, le programme évoque le harcèlement scolaire, les bizutages violents, les agressions sexuelles ou encore l'homophobie. Et que ça soit niveau représentation LGBTQ+ ou diversité, la série marque aussi de bons points avec un personnage gender fluid (Suzie), un pansexuel (le génial Ambrose), ainsi que des personnages d'origines afro-américaines et asiatiques. Certains y verront une manière de cocher les cases de la "bien-pensance", nous préférons y voir une avancée plus que bienvenue dans le paysage audiovisuel.

Et comme "Buffy contre les vampires" il y a quelques années, "Les Nouvelles aventures de Sabrina" réussit à mélanger avec brio le genre fantastique/horreur à un sous-texte féministe passionnant. Féminisme incarné par son héroïne Sabrina. Tiraillée entre deux mondes, l'adolescente n'hésite pas à dire non, à s'exprimer et même à prendre les devants pour défendre ses amis et faire avancer les mentalités étriquées de son entourage. Loin d'être parfaite, Sabrina commet des erreurs, ce qui la rend plus humaine et touchante. Bref, une vraie héritière de la tueuse !

La jeune sorcière a la chance d'être incarnée par la brillante Kiernan Shipka. Révélée par la série "Mad Men", dans laquelle elle jouait l'inoubliable fille de Don Draper, Sally Draper, l'actrice se fond parfaitement dans la peau de Sabrina, tout en lui apportant une complexité dont elle a le secret. Avec une facilité stupéfiante, elle passe de l'amoureuse naïve à la jeune femme engagée prête à démolir le patriarcat, et quelques démons au passage, avant de montrer la fragilité du personnage, notamment à travers sa relation avec ses tantes Hilda (Lucy Davis) et Zelda (Mirando Otto). Surprenant et émouvant, le lien de Sabrina avec ses tantes est vraiment le c½ur du show. C'est aussi grâce à lui que l'on en apprend plus sur la mythologie et les codes du monde des sorcières. Un monde qui permet à la série de nous plonger dans une ambiance horrifique et satanique parfaite en cette période d'Halloween.

Pour appuyer ce côté effrayant, la série emprunte aux films de genre retro ("La Fiancée de Frankenstein", "Rocky Horror Picture Show") et contemporain ("The Witch") tout en gardant un style inspiré des années 60 que Sacasa affectionne tant. Mais contrairement aux comics, la série se déroule dans un espace-temps indéterminé. Ce qui permet aux scénaristes de se faire plaisir en mélangeant les références et de donner à la série un côté intemporel digne des meilleures histoires d'épouvante.

Bien sûr, la série comporte des défauts. Le plus flagrant étant cette utilisation inutile et laide du flou numérique qui vient gâcher l'ambiance de certaines séquences. L'idée était sans doute d'accentuer le côté intemporel cité plus haut, mais le résultat est catastrophique. On peut aussi reprocher la transparence du personnage d'Harvey (Ross Lynch), dont la romance avec Sabrina, censée être centrale pour le développement de cette dernière, est d'une niaiserie souvent gênante.
Et pour finir, le point qui a provoqué la colère des internautes : Salem ne parle pas !! Que ça soit dans le programme des années 90 ou le comics, Sabrina est accompagnée d'un chat noir sarcastique à la langue bien pendue. Et bien qu'il soit présent, Salem n'est ici qu'un familier (un animal protecteur) qui s'exprime en miaulant…

Projet aux multiples influences, "Les Nouvelles aventures de Sabrina" se révèle être une série au style retro, mais au discours diablement contemporain qui réussit à mixer parfaitement le genre horrifique à celui du teen drama, en plus de nous offrir une héroïne charismatique interprétée par la géniale Kiernan Shipka. Qu'une chose à dire : on a hâte de retourner à Greendale pour la saison 2 déjà commandée par Netflix.

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