Charley Thompson a quinze ans et a appris à vivre seul avec un père inconstant. Tout juste arrivé dans l’Oregon, le garçon se trouve un petit boulot chez un entraîneur de chevaux et se prend d’affection pour Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière. Le jour où Charley se retrouve totalement livré à lui-même, il décide de s’enfuir avec Lean on Pete, à la recherche de sa tante dont il n'a qu’un lointain souvenir. Dans l'espoir de trouver enfin un foyer, ils entament ensemble un long voyage….
Adapté du roman "Lean on Pete" de Willy Vlautin, "La Route sauvage" est le quatrième long métrage d'Andrew Haigh. Après des œuvres queers ("Looking", "Week-end") et sentimentales ("45 ans"), le réalisateur d'origine britannique change de registre pour mieux nous surprendre avec ce film émouvant sur le parcours d'un adolescent dans l'ouest américain.
Haigh débute son film avec des micro-séquences montrant la routine solitaire de Charley. Il faudra attendre plusieurs minutes avant de voir le personnage échanger avec d'autres personnes. Il se dégage de cette ouverture une profonde solitude du personnage. Solitude qui suivra Charley tout au long du film. Le jeune homme ne cessera de vouloir appartenir quelque part. La forme narrative du road-trip accentue cette volonté de recherche d'un endroit qu'il pourrait appeler chez lui. Les rencontres se suivent, mais ne lui apportent peu. Là où le road trip est souvent synonyme de voyage initiatique, celui de "La Route sauvage" se concentre plus sur ce sentiment d'appartenance que cherche désespérément Charley. Il traverse cet ouest américain où l'héritage du western n'est jamais loin, donnant au film une beauté mélancolique.
Grâce à une écriture où le sentimentaliste rencontre le réalisme parfois violent, Andrew Haigh livre un récit d'une grande justesse. En particulier dans l'écriture des relations entre les personnages, comme celles tout en nuances de Charley avec son père, de Charley avec Del, ou encore de Charley avec le cheval Pete. En plus d'être un confident silencieux, l'animal représente la stabilité tant voulue par Charley. Les scènes où l'adolescent se retrouvent seul avec le cheval font parties des plus réussies du film, tant pour leur force évocatrice que l'émotion qu'elles transmettent.
Pour interpréter ce jeune homme à la recherche d'un foyer, on retrouve Charlie Plummer ("Boardwalk Empire"). Avec son visage d'ange, il ressort de l'acteur une grande douceur parfaite pour incarner cette lueur d'espoir que garde le personnage de Charley, même lorsqu'il touche le fond. A ses côtés, Travis Fimmel ("Vikings") arrive en seulement quelques minutes à l'écran à rendre attachant ce père imparfait, en propriétaire véreux Steve Buscemi excelle une fois de plus et la présence de Chloë Sevigny en jockey nous rappelle à quel point on aimerait la voir plus souvent à l'écran.
Avec son voyage dans l'ouest américain "La Route sauvage" évoque l'héritage d'une Amérique disparue pour mieux mettre en avant le parcours de Charley et sa quête d'un foyer stable. Un film mélancolique, mais qui n'oublie pas de glisser une lueur d'espoir à travers les yeux de son personnage principal.