Ahhh ! Le Brésil, les Philippines, la Thaïlande, la Turquie... Ces contrées lointaines et exotiques cachent d'autres splendeurs méconnues : les bons gros nanards, les séries Z, les copies sans vergogne et sans budget des meilleures productions hollywoodiennes !
C'est sans doute pour éveiller les consciences que les auteurs de Nanar Wars se sont penchés sur ces réalisations fauchées, aussi démodées que pathétiques ! Les deux Emmanuels (Vincenot et Prelle) ont l'habitude de ce genre de naufrages cinématographiques, ayant déjà écrit d'autres ouvrages relatifs aux navets de toute sorte . Inutile de dire qu'ils en connaissent un rayon, question pellicule qui tâche .
A la lecture de cet ouvrage, vous conviendrez que le pillage de copyright s'avère être tout un art et vous finirez par regretter que seules quelques bouses aient survécu aux affres du temps (et au passage à l'ère du tout numérique...).
Les auteurs expliquent ainsi en préambule que ces Rip-offs, ces contre-façons minables et sans budget, sont aussi vieilles que le 7ème Art lui-même. Il y a, en effet, toujours eu des producteurs zélés, alléchés par l'illusion du gain facile, pillant les recettes populaires qui ont déjà fait leur preuve. Ajoutez une pincée de réalisateur du dimanche, une poignée d'acteurs discount et vous obtenez un plat du tonnerre, mais pas forcément très digeste ! James Bond, Mad Max, Star Wars, Rambo, Zorro : ils sont nombreux a avoir de vagues cousins éloignés, finis au pipi.
Il faut dire que ces productions anémiques ne s'embarrassent pas des convenances et pillent tout ce qu'elles peuvent en l'ajustant à leur auditoire. Ainsi, une bribe de scénario suffit le plus souvent à justifier tous les coups de tatanes et les explosions pyrotechniques qui suivront, inévitablement. Le mâle alpha est bien souvent glorifié, la femme ramenée au rang de potiche sexy (dans le meilleur des cas), les armes à feu pullulent, le méchant est châtié comme il se doit (dans l'œil). Mieux, les productions indiennes, pachtounes ou philippines n'hésitent à casser l'action par des scènes chaloupées où la danse traditionnelle met en valeur de superbes créatures... Quant à la technique ou au jeu des acteurs, on croirait que des gamins de 8 ans tiennent le vieux caméscope de papa et filment leurs copains de classe, déguisés avec les fringues des grands-parents. Inutile aussi de souligner l'importance de la vidéo domestique (la VHS) qui a ouvert les vannes de la créativité débridée et fait la richesse des vidéoclubs dans les années 80.
Chapitré, Nanar Wars tente de classer les films par catégorie : les héros classiques, les super héros, les 007, les blockbusters, etc... Vaine tentative dans la mesure où la plupart des productions partent dans tous les sens, renvoyant la logique et la bienséance à leur juste place : celle qu'il convient de laisser aussi propre que ce qu'on l'a trouvée en rentrant ! Chaque nanar bénéficie donc d'un bon résumé où l'humour des auteurs permet de prendre la distance qu'il convient : les textes sont vraiment très marrants et illustrent parfaitement le côté foutraque, et complétement débile, de ces productions bancales... On rit de bon cœur en lisant les synopsis et les petites anecdotes qui illustrent chaque navet, sans compter la riche iconographie qui donne une bonne idée de la direction artistique de chaque "œuvre".
Ce livre est surtout l'occasion de sortir des sentiers battus, de s'ouvrir à d'autres cultures, d'autres façon de filmer. Vous serez également imbattable sur la filmo de l'Alain Delon turc ou celle de Weng Weng, le James Bond Philippin de petite taille. Sans compter que vous pouvez visiter Islamabad ou Istambul à moindre frais... Bref, c'est "nain porte quoi" et on a adoré cette mise en abîme permanente. Des cinéastes sans talent, des acteurs à la ramasse qui ne doutent de rien, des montages épileptiques, des décors en carton pâte, des scénarii débiles ou macho : "Nanar Wars le pire contre-attaque" est une bonne tranche de rigolade et un cadeau inattendu pour tout cinéphile ouvert à la parodie exotique et à la crétinerie fortuite !
