Critique film
Publié le 23/05/2017 à 13h27 par Fred
Valmont
7,5 /10

Rien ne résiste aux entreprises de séduction de la Marquise de Merteuil et du Vicomte de Valmont. Unis par leurs complots et leurs secrets, ils règnent sur les salons et les boudoirs de cette aristocratie qui ignore que sa fin approche. Mais ces virtuoses de l'intrigue amoureuse finiront par s'affronter...

Après en avoir vu l'adaptation par Christopher Hampton dans un théâtre de Londres, Milo¨ Forman décide de mettre en scène pour le cinéma, les aventures du vicomte de Valmont. Souhaitant garder sa liberté artistique, il choisit de ne pas acheter les droits de la pièce (qui seront finalement acquis par la société de Stephen Frears) et se lance dans un travail d'adaptation avec Jean-Claude Carrière sous la houlette du producteur français Claude Berri.

Mme de Merteuil (Annette Bening), veuve aux moeurs volages, découvre que son amant, Monsieur de Gercourt (Jeffrey Jones), va se marier avec la jeune Cécile de Volanges (Fairuza Balk) à peine âgée de quinze ans. Folle de jalousie, elle décide de monter un stratagème avec le vicomte de Valmont (Colin Firth) pour que celui-ci la déflore avant son mariage. Mais Valmont refuse, lui préférant la timide et très mariée Mme De Tourvel (Meg Tilly).

La collaboration de Jean-Claude Carrière et Milo¨ Forman fait naitre une nouvelle vision des aventures de deux grands manipulateurs des jeux de pouvoirs et d'amours sous les arcanes de l'aristocratie du dix-huitième siècle.
En effet, c'est une vision romanesque et humaniste qui fait la particularité du traitement de l’½uvre de Pierre Choderlos de Laclos (datant de 1782). Plus que la description de deux monstres pervers et manipulateur, Milo¨ Forman brosse le portrait de deux êtres humains dont les failles, les ambitions et l’engoncement dans un carcan social vont tracer un destin tragique.
Évoluant dans un univers régi par des codes stricts, ne laissant que peu de places aux affres du quotidien, la cour du Roi laissant paraitre un luxe, un raffinement et un savoir-vivre n'est en fait qu'un beau vernis cachant l'hypocrisie des luttes de pouvoirs et des manipulations.

Le réalisateur tchécoslovaque construit ses plans comme des tableaux de grands peintres dont la beauté contraste avec la laideur des actes qu'il dépeint. Pourtant, loin d'une vision manichéenne, les enjeux humains et amoureux qui rythme les rencontres entre Mme de Mertueil et Valmont nous montrent surtout deux personnages dont l'orgueil et la vanité vont causer leur perte.
Le personnage interprété par Annette Bening ne peut accepter le mariage de son amant avec sa cousine, si jeune, au point qu'elle préfère inventer une machination qui jettera l'opprobre sur Monsieur de Gercourt et la naïve Cécile de Volanges plutôt que de rester une maitresse de l'ombre. Tout comme Valmont, amoureux transi de Mme De Tourvel, n'acceptera jamais d'avouer ses sentiments et ne verra, en elle, qu'une conquête de plus a son palmarès.

Jusqu'au dernier plan du film, Milo¨ Forman ne juge pas la morale de ses personnages et pose un regard attendri sur leurs errances. Leur préférant un destin bien moins violent que dans le livre originel et laissant une part d'espoir sur leur futur.
Échec cuisant lors de sa sortie, (phagocyté par la sortie des "Liaisons dangereuses de Stephen Frears" quelques mois auparavant), la réédition du film en bluray permet de réévaluer un film qui aurait mériter une meilleure réception en salle.

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