Critique film
Publié le 10/05/2018 à 13h44 par Floriane
Rafiki
7 /10

À Nairobi, Kena et Ziki mènent deux vies de jeunes lycéennes bien différentes, mais cherchent chacune à leur façon à poursuivre leurs rêves. Leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale au cours de laquelle s’affrontent leurs pères respectifs. Attirées l’une vers l’autre dans une société kenyane conservatrice, les deux jeunes femmes vont être contraintes de choisir entre amour et sécurité...

Présenté dans le cadre de la sélection Un Certain Regard, "Rafiki" est déjà un événement en soi puisqu’il est le premier film kényan a concourir au Festival de Cannes. Mais il serait dommage de s’arrêter à ce fait pour décrire le petit bijou qu’est ce long métrage venu d’Afrique.

Au premier coup d’oeil, le film réalisé par Wanuri Kahiu peut paraître comme une simple bluette LGBT+ assez classique, mais la cinéaste écrit et filme ses personnages avec une telle bienveillance qu’il en devient solaire. Elle plonge les deux jeunes femmes dans des séquences où les tons chauds rencontrent la pop acidulée de sa bande originale.

Avec cette histoire d’amour au féminin, Kahiu pointe du doigt le conservatisme de la société keynésienne où l’homosexualité est illégale. Le film fut d’ailleurs interdit dans son pays d’origine car "il vise à légitimer le lesbianisme au Kénya" déclare le président de la commission de classification des films du pays. La réalisatrice prend alors un vrai risque en tournant et défendant un film où l’amour lesbien n’est pas montré comme négatif. Bien au contraire. Les deux héroïnes, Kena (Samantha Mugatsia) et Ziki (Shella Munyiva) sortent plus fortes de leur histoire. L’alchimie entre les actrices illumine l’écran et apporte une fraicheur émouvante au récit de ces jeunes femmes tiraillées entre leurs rêves qui semblent incompatibles avec leur amour.

Bien que le film baigne dans une atmosphère fortement romantique, la réalisatrice n’oublie pas de dénoncer les violences que subissent les personnes LGBT+ au Kenya. La séquence de lynchage où la violence est symbolisée par le son et un jeu de lumière clair-obscur est particulièrement dure.

Avec "Rafiki", Wanuri Kahiu signe une ode à l’amour sur laquelle plane l’ombre de la haine. Un premier film non sans défauts, mais dont la sincérité nous emporte vers des sommets d’émotions intenses.

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