Sam, journaliste indépendant, profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il se rapproche d'un groupe de quatre jeunes qui ont reçu pour mission de créer une cellule djihadiste et semer le chaos au coeur de Paris.

"Made In France" devait à l’origine se nommer "L’Enquête" mais la sortie d’un film de Vincent Garenq, deux ans plus tôt et qui portait déjà ce titre, sans en avoir le même sujet, amena Nicolas Boukhrief à modifier le sien.

Après les attentats qui touchèrent la France en janvier 2015, le film fut interdit en salles et vit sa sortie uniquement en VOD e-cinéma. En effet, le sujet ayant trop de similitudes avec l’actualité, le film ne connaîtra pas le succès auquel il aurait pu avoir droit, à travers les salles obscures. Par ailleurs, l’affiche du film fut aussi modifiée, la tour Eiffel dissimulait une kalachnikov qui disparaîtra sur les nouvelles conceptions.

Le cinéaste traite un sujet osé, mais avec une intelligence respectable, son film ne diabolise ni l’islam, ni ne glorifie le terrorisme. Chose plus aisée à dire qu’à faire dans le climat tendu actuel, toutefois Nicolas Boukhrief réussit avec succès à monté une fiction brillante et un thriller d’infiltration habile et maîtrisé.

Le film conte une enquête d’infiltration risquée au sein d’une cellule terroriste, en nous plongeant dans les abîmes du recrutement, des méthodes de radicalisation, de dissimulations et de logistique dont le commanditaire semble dans un premier temps ne pas avoir de visage.

L’intelligence essentielle du scénario est de ne pas chercher à dénoncer les origines du mal, mais plutôt la manière dont il se propage avec facilité. La trame est haletante et approche de façon cinglante et réaliste le sujet sensible mais bien réel qu’est le djihad. Ces fous de Dieu, guidés par une folie destructrice se trouvent dans "Made in France" confrontés au regard halluciné, puis à la justice de celui-ci, par le biais d’un musulman qui enquête sur cette propagande qui diabolise un peuple et une religion.

Le thriller est efficace, et Nicolas Boukhrief nous y habitue amplement maintenant. Après les films "Le Convoyeur" ou encore "Gardiens de l’Ordre", il offre ici un nouveau divertissement tendu et dramatique qui soulève des questions et éveille les consciences sans aucune prise de partie.

La mise en scène relève d’un polar brillamment orchestré, mettant en avant des comédiens talentueux, à travers des personnages fanatiques ou raisonnés dans un thriller ambitieux, humain et implacable.

Angoissant et lucide, malgré l’abstinence de son effet coup de poing annoncé, il offre tout de même un résultat digne et percutant et devient un film à découvrir absolument.