Critique film
Publié le 19/07/2018 à 14h50 par Kévin Aubin
Gaspard va au Mariage
9,5 /10

Après s'être tenu prudemment à l'écart pendant des années, Gaspard, 25 ans, doit renouer avec sa famille à l'annonce du remariage de son père. Accompagné de Laura, une fille fantasque qui accepte de jouer sa petite amie le temps du mariage, il se sent enfin prêt à remettre les pieds dans le zoo de ses parents et y retrouver les singes et les fauves qui l'ont vu grandir... Mais entre un père trop cavaleur, un frère trop raisonnable et une s½ur bien trop belle, il n'a pas conscience qu'il s'apprête à vivre les derniers jours de son enfance.

Antony Cordier étudie le cinéma à la Fémis, au sein du département montage. Il réalise en 2005 son premier long-métrage de fiction avec Douches froides, qui obtient le Prix Louis Delluc du Premier Film et les Grands Prix des Festivals de Vérone et Taïwan. Cinq ans plus tard, il signe Happy Few, sélectionné en Compétition à la Mostra de Venise en 2010.

En 2018, il revient avec Gaspard va au mariage, inspiré d'un livre de son enfance contant la vie de Claude Caillé, créateur du zoo de la Palmyre. Avec cette comédie, le réalisateur conte une chronique familiale originale qui sort de l'ordinaire. Un film qui ose sans jamais être vulgaire et qui aujourd'hui est une bouffée d'air frais dans un cinéma français parfois en manque de créativité. Alors certes ce film ne plaira pas à tout le monde et en rebutera sûrement plus d'un. Ne serait-ce que par son histoire atypique où les genres s'entremêlent difficilement classable. Le réalisateur prenant un malin plaisir à mélanger les genres. Résultat, le spectateur assiste à un florilège de scènes qui peuvent paraître simplistes de prime abord mais plus complexes qu'elles n'y paraissent. Notamment dans les différents sujets abordés tout le long du film : la sexualité, les relations familiales, la liberté, le vivre-ensemble, les faux-semblants... Des sujets traités avec humour et dramatisme où le réalisateur prend des libertés de ton, d'écriture, de filmage, d'interprétation... C'est léger, doux-amer, culotté, loufoque et totalement foutraque tout en étant émouvant et inventif. C'est bien simple, le métrage n'est pas là où on l'attend et le spectateur va de surprise en surprise et vit au gré de cette famille pour le moins authentique et étonnante. Et même si tout n'est pas parfait avec quelques échappées et envolées un peu saugrenues, on apprécie cet univers délicieusement absurde et poétique.

Antony Cordier met du c½ur dans son ouvrage et filme une histoire mélancolique belle à regarder. La mise en scène est inventive et profite aux acteurs, les décors du parc animalier de Reynou, dans le Limousin sont modestes, et c'est ce qui apporte tout son charme au film, la photographie joue sur les couleurs et les tonalités et crée une atmosphère à la fois réaliste et utopique aspirant à la rêverie, et la bande-son profile des intermèdes musicaux essentiels à la narration du métrage renvoyant à l'univers du conte, sublime. Une réalisation où chaque détail compte et qui transporte le spectateur.

Au casting, Antony Cordier convie de superbes acteurs que l'on voit malheureusement trop peu à l'écran. Des acteurs qui ont le mérite de choisir leurs films et qui en règle générale sont sous médiatisés; des films d'auteurs peu distribués. Mais qu'importe, puisque se sont souvent ces acteurs, peu remarqués, qui délivrent les meilleures performances et qui se donnent à 100% dans leurs rôles. Ainsi, Félix Moati, Laetitia Dosch, Christa Théret ou encore Guillaume Gouix excellent dans ce film et livrent des prestations d'acteur exceptionnelles. Chacun avec sa personnalité et son jeu bien à lui arrive à nous embarquer pour un moment de cinéma qui s'apprécie sur l'instant et dont on se délecte longtemps après.

Pour sa nouvelle réalisation, Antony Cordier fout un bon coup de pied dans le cinéma français et livre un film avec sa propre identité. Que cela plaise ou non, on ne peut rester indifférent face à ce que l'on pourrait qualifier d'OFNI. Et quel plaisir de voir des acteurs, des vrais, peu médiatisés et courtisés, au sommet de leur art. A voir sans hésiter.

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