Critique film
Publié le 20/05/2019 à 11h51 par Floriane
Chambre 212
9 /10

Après 20 ans de mariage, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, Maria a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision. Bien des personnages de sa vie ont une idée sur la question, et ils comptent le lui faire savoir.

Après sa sélection cannoise en compétition officielle l’année passée avec "Plaire, Aimer et Courir Vite", Christophe Honoré est déjà de retour avec l’intimiste "Chambre 212". Présenté dans la section Un Certain Regard, le réalisateur d’origine bretonne arrive une fois de plus à nous surprendre avec ce conte nocturne sur une femme qui se pose pour réfléchir à sa vie et à son couple.

Motivé par un désir d’urgence cinématographique, "Chambre 212" appelle à tout ce qui fait le cinéma de Christophe Honoré. On retrouve ses thèmes, ses dialogues littéraires bien tournés, Paris, ses apartés musicaux, ses émotions fugaces, etc. Pourtant, on ressort de cette chambre émerveillée par la puissance toujours intacte de son travail.

Honoré filme une histoire où les époques se mélangent par un procédé audacieux et maîtrisé jusqu’au bout. Cette intrusion du passé dans le présent invoque avec lui les regrets, les aléas de l’amour dans le temps, et surtout une douce mélancolie, dont Honoré s’est fait maître au fil de ses oeuvres.

"Chambre 212" est aussi l’occasion pour Honoré de retrouver l’une de ses actrices fétiches : Chiara Mastroianni. Pour leur sixième collaboration, le réalisateur offre à l’actrice le rôle de cette femme qui se retrouve confrontée à ses fautes lors d’une nuit enneigée. Mastroianni brille par sa capacité à passer du rire aux larmes, nous emportant avec elle au passage. Déjà impressionnant dans "Plaire, Aimer et Courir Vite", Vincent Lacoste nous charme encore une fois dans la peau de ce jeune mari à la fois insouciant et conscient de la perte de ses meilleures années. Petits nouveaux dans l’univers du cinéaste : Camille Cottin et Benjamin Biolay. Depuis quelques années, l’actrice révélée par "Connasse" et "Dix pour cent" ne cesse de prouver son talent à travers des rôles de plus en plus divers ("Le Mystère Henri Pick", "Photo de famille", "Les Fauves"), mais chez Honoré elle trouve un rôle à la hauteur de ce talent. Entre la séductrice manipulatrice, l’amoureuse éconduite, la femme perdue, mais qui ne perd jamais de son mordant, le personnage d’Irène captive, notamment lors d’une scène musicale tout en douceur comme Honoré a le secret.

Et pour finir de nous emporter dans son conte intemporel, Christophe Honoré a fait le choix d’une mise en scène intimiste, mais qui regorge d’inventivité, comme l’idée de chaque chambre représentant une époque de la vie de Maria ou encore cette neige incessante qui en plus d’être un hommage discret à Alain Resnais, donne au film un aspect cocon et hors du temps. Côté photographie, Honoré baigne son film dans une ambiance rétro chaleureuse qui finit de plonger ce récit nocturne dans une sorte de transe lyrique.

Avec "Chambre 2012", Christophe Honoré signe une parenthèse mélancolique où l’émotion nous prend au détour d’une réplique ou d’un regard. Jamais le cinéaste n’aura autant maitrisé l’essence de son cinéma. Plus qu’un coup de coeur, un coup de cinéma.

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