Critique film
Publié le 30/05/2016 à 13h17 par Mehdi
Appel Inconnu
8,5 /10

Carlos, directeur de banque, emmène ses enfants à l'école le matin d'un jour comme tous les autres. En chemin, il reçoit un appel masqué sur un téléphone qu'il n'avait pas remarqué dans sa voiture. Au bout du fil, un mystérieux homme lui indique qu'il fera exploser les bombes cachées sous les sièges s'il ne vire pas sur son compte une forte somme d'argent. Pour Carlos et sa famille c'est en fait la journée où tout basculera...

Que connait-on du cinéma espagnol ? En ces heures cannoises, on cite presque toujours le maître Almodovar quand il s'agit du 7ème art ibérique. C'est oublier tout un pan de la réalisation, dont les espagnols sont passés, en quelques années, de bons représentants à des pointures incontestées. C'est le cas pour le genre de l'épouvante et du thriller, avec la franchise "Rec", la filmographie déjà riche du jeune Amenabar, le "Malveillance" de Jaume Balaguero, qui dirige un Luis Tosar impeccable, que l'on retrouve ici dans le premier long métrage de Dani de la Torre. Irréprochable encore, Tosar imprègne par son jeu direct et passionné le personnage de Carlos, banquier dont le couple dérive lentement, dépassé par ses enfants, qui se réfugie dans sa carrière florissante. On le devine volontiers requin de la finance, et père absent. Alors quand il reçoit l'appel du mystérieux maître chanteur, on se dit qu'il est puni pour la mauvaise gestion de sa vie privée. Et c'est toute l'intelligence de la réalisation : dans un huis clos haletant et sous amphétamine, où l'action se passe quasi-intégralement à l'intérieur de la voiture, ce tombeau ouvert qui sillonne les rues de la ville, Carlos est obligé de faire son introspection, au rythme des questions de ses enfants, des reproches de sa femme, sans jamais que le personnage au bout du fil ne dévoile son jeu. Est-ce un ancien collègue viré? Un client mécontent ? L'amant de sa femme ? Une histoire familiale ? Tour à tour les hypothèses s'enchaînent, et la négociatrice des forces de l'ordre, jouée par Elvira Minguez, semble désemparée elle-même.

Les rebondissements font place aux rebondissements, et l'on voit la vie de Carlos disséquée morceau par morceau, jusqu'à ce que l'on trouve le cancer qui le ronge, et qui emporte avec lui les membres de sa famille. La révélation de l'identité du donneur d'ordre est un coup de théâtre de plus. Après quoi, le banquier nous apparaît tellement humain et fragile, que l'on sait que le réalisateur a réussi son coup : il nous rend sympathique ce banquier que l'on voudrait détester. Et c'est à ce moment précis que le film perd un peu son rythme : sans dévoiler l'histoire, on peut dire que Carlos lâche prise, il est presque prêt à être châtié... je n'en dis pas plus, vous devrez découvrir par vous-même la destinée du banquier et de sa famille.

La qualité de la mise en scène est servie par une photographie irréprochable. Ce n'est jamais trop surchargé, c'est beau et fluide. Le huis clos est rendu aussi par les dialogues des deux protagonistes à travers le téléphone, qui, à l'instar de "Phone Game", pose une atmosphère pesante de suspicion.

Luis Tosar, de son côté, confirme tout le bien qu'on pense de lui depuis "Malveillance" (déjà lui), "Cellule 211", et surtout "Même la pluie". C'est un acteur habité que l'on devine facile dans ses rôles. Il est l'un des plus grands acteurs ibériques actuels, cela ne fait aucun doute.

Au final "Appel inconnu" est une très bonne surprise, un thriller haletant et maîtrisé qui, malgré un scénario déjà vu, fonctionne bien à l'écran. J'attends avec impatience le prochain long de Dani de la Torre, et le prochain rôle de Tosar. Et pourquoi pas dans le même film ?

  VOUS AIMEREZ AUSSI :
  RECOMMANDATIONS :
  COMMENTAIRES :
Prénom :
Mail :
Votre mail ne sera pas publié  
Code de vérification
:
0 commentaire